Love money, prêt d’honneur, prêt bancaire, subvention, avance remboursable, prévente, crowdinvesting, crowdlending… Comment bien structurer son plan de financement d’amorçage afin qu’il soit solide ? Comment éviter de céder du capital trop tôt ? Victoria Groc, chargée de clientèle chez Wedogood, t’en dis plus !

En résumé (pour les plus pressé·es) voilà ce qu’il faut retenir : 

💡 Rassemble d’abord tes fonds propres mais ne dilue pas ton capital trop tôt. Réfléchis bien à qui et comment tu ouvres ton capital.
💡 Fais effet de levier : dès qu’on débloque un financeur, c’est le moment où les autres seront prêts et intéressés car le risque est diminué. NB : Pour les banques, veille à avoir 2 moyens de paiement en cas de secours.
💡 Vise en priorité les financements les moins coûteux pour ton entreprise : subventions, prêt d’honneur, emprunt bancaire, CIR, CII, etc. 
💡 Travaille ton réseau : les financeurs peuvent être partout (parmi les fournisseurs, les clients…). Nourrir ces liens permet d’ouvrir des opportunités, notamment pour préparer le prêt participatif.
💡 Intègre les impacts sociaux et environnementaux de ton projet à votre BP.

Tout ce qu’on ne te dit jamais

1. Il faut chercher de l’argent quand on n’en a pas besoin.

2. Si tu as un projet innovant, plus tes salaires et dépenses en innovation sont élevés, plus tu peux obtenir des aides.

3. Aies plusieurs versions de ton prévisionnel financier. Banquiers et Business Angels n’ont pas les mêmes attentes (les banquiers cherchent à être rassurés, là où les BA veulent faire un pari gagnant). Tiens un tableau de bord avec une version modérée et une version ambitieuse, afin de pouvoir présenter le document le plus adapté à ton interlocuteur·rice.

4. Le financement est une question de personnes, pas uniquement de cases à cocher. Si tu n’as pas reçu la réponse attendue de la part d’un·e investisseur·se, contourne-le et va voir la personne qui est déjà sensibilisée à ton activité.

5. Le financement relève à la fois de la séduction et du rapport de forces. Ne te rends pas à un rendez-vous seul·e, montre que tu as une équipe solide, ou vas-y avec des ressources externes afin d’équilibrer le rapport de force en rendez-vous. Fais sortir la personne qui t’intéresse de son bureau et invite-la dans un endroit qui lui permet de sortir de son contexte habituel (dans tes bureaux ou dans des bureaux de partenaires par exemple).

6. La notion d’amorçage dépend de chaque interlocuteur·rice. Demande toujours au financeur ce qu’il entend par “amorçage” (lancement structure / lancement activité / avoir du CA ou pas…), afin d’être certain·e de parler de la même chose et d’assurer la pertinence de l’échange.

Comment construire mon plan de financement ?

Tu dois prendre ton temps. C’est comme ça qu’on est à l’aise avec les chiffres. Cette tâche n’est pas à déléguer, au risque ne pas maîtriser quelque chose de fondamental dans l’activité, car le prévisionnel dépend des ambitions de l’entrepreneur·se et de sa vision de l’activité. Cependant, quand on n’a pas les compétences, il faut bien s’entourer (expert·e comptable, personnes qui ont compris ton projet, qui partagent ta vision ET qui sont prêtes à te challenger).

Retiens que le meilleur financement pour ton projet c’est ton chiffre d’affaires. Pour construire ton plan, il existe des outils pratiques comme Fisy, outil en ligne gratuit, ou MyBusinessPlan.

Étape 1 : les premières ressources à activer

  • Les fonds propres. C’est ce qui va rassurer les autres investisseurs à l’amorçage, car c’est la preuve qu’on s’investit littéralement dans le projet.
  • Les allocations Pôle Emploi, le RSA.
  • Le prêt étudiant.
  • Love money. Il y a trois enjeux pour la gestion de la love money : Augmenter les fonds propres pour faire effet de levier, mobiliser des proches de manière encadrée et transparente, et limiter une dilution trop précoce du capital. Évite de faire entrer au capital des personnes qui ne veulent pas participer aux assemblées générales et accompagner l’équipe. 
  • Prêts d’honneur. Il est certes délicat de s’engager personnellement, mais il est toujours possible de faire un petit prêt en cas de craintes (à auteur de 2000€ par exemple). Cela marque un tampon permettant d’ouvrir des portes auprès d’autres financeurs (Banques, BPI) et permet souvent un accompagnement supplémentaire (comme le Réseau entreprendre avec un accompagnement pendant 2 ans).
  • Aides spécifiques à l’entrepreneuriat jeune, entrepreneuriat féminin : regarde bien à l’échelle des régions.
  • Concours et appels à projets (Moovjee, Aviva…). Mais ATTENTION aux différentes étapes (campagne de communication…) qui peuvent être chronophages. Regarde bien ce qu’il y a à gagner (argent, mentorat dans une ville particulière, pack de pub…) et les différentes étapes (appel à vote, pitch) afin de ne pas perdre de temps. Dans le cas de l’appel à vote, pourquoi ne pas envisager une campagne de financement participatif ? Elle demande le même effort en termes de communication.

Étape 2 : les ressources à envisager en phase de développement

  • Les premiers revenus. Ce sont les premiers indicateurs et preuves à montrer aux financeurs, afin de les rassurer
  • Les BA. ATTENTION comme pour les concours, cela peut être chronophage (argent, temps, charge mentale…). La solution : proposer au BA de passer quelques jours ensemble sur la stratégie pour s’assurer qu’il nous apportera quelque chose (en termes de vision, d’aides…) et pas de charge négative.
  • Le crowdfunding : en préventes (B2C, produit) ou royalties (B2B, services) selon ton type de projet.
  • Les prêts bancaires.
  • Bpifrance si c’est un projet innovant

Attention au décalage entre l’espoir et la réalité : les 2 millions arrivent en général à 3 ans et on perd souvent énormément de temps à préparer des levées de fonds, qui prennent du temps à arriver. On s’arme de patience et motivation !

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