Quand on se lance dans l’entrepreneuriat responsable, durable, il est un élément auquel il faut penser : réduire son empreinte numérique. Faut-il systématiquement mettre ses mails à la corbeille ou limiter l’envoi de vidéos ? On te donne plein de conseils pour être le plus numériquement vertueux·se possible !

A mesure que notre usage du numérique s’intensifie, ses conséquences environnementales et sociales sont de plus en plus criantes. Pénurie de ressources et restriction de l’accès au cobalt avec de fortes conséquences sur le paysage comme sur le climat social de certains pays. Augmentation de la part des GES liés à notre usage du numérique qui pourrait représenter en France 7% des GES émis d’ici 2040. Quantité de données stockées grandissantes au sein de data centers qui ont besoin de quantité énorme d’énergie pour fonctionner, etc. Ainsi, il est désormais primordial d’aller vers un usage responsable du numérique. 

Adopter une démarche responsable pour gérer ses équipements numériques

Une majorité des conséquences environnementales et sociales du numérique est liée à la production d’appareils électroniques. Ainsi, limiter sa consommation d’appareils électroniques neufs, améliorer la durée de vie de ses appareils ainsi que leur recyclabilité sont autant de solutions pour réduire significativement son empreinte numérique.

Privilégier des fournisseurs reconditionnés pour l’achat

Pour la flotte d’ordinateurs

Il existe de nombreux reconditionneurs et il peut parfois être difficile de choisir. Tous les reconditionneurs ne sont pas aussi ambitieux sur les questions sociales, voire écologiques. D’ailleurs, certains sont des reconditionneurs et d’autres sont des plateformes (à l’image de Back Market), qui mettent en lien avec des reconditionneurs à travers le globe. Pour t’équiper d’une flotte d’ordinateurs reconditionnés on te conseille de passer par des reconditionneurs directs, tels qu’ecodair par exemple (qui a un projet social en plus des plus-values écologiques de son activité).

Pour la flotte de téléphones

Pour t’équiper d’une flotte de téléphones, deux solutions sont possibles :

  • Conserver tes marques habituelles et passer par des reconditionneurs comme smaart
  • Abandonner tes marques habituelles pour t’équiper de fairphones. En effet, les composants des fairphones sont facilement démontables et remplaçables. De ce fait, lorsqu’une pièce s’avère dysfonctionnelle, tu n’as pas à changer l’ensemble de l’appareil, mais seulement la pièce en question. De plus, les fairphones sont produits dans des conditions de travail bien meilleures que la plupart des smartphones (cf leur rapport d’impact 2022). Cette solution est à privilégier d’un point de vue écologique.

Améliorer la durée de vie de ses appareils

Prendre soin de ses appareils électroniques

Prôner un usage responsable du numérique, c’est avant tout réduire la fabrication d’équipements électroniques neufs. Il est donc primordial de conserver ses équipements électroniques le plus longtemps possible, et donc d’en prendre soin.

Pour améliorer la durée de vie de ses appareils, le moyen le plus simple est tout simplement d’en prendre soin, tant d’un point de vue du software que de l’hardware. Quelques conseils pour cela :

  1. Equipez-toi de housses et protections pour l’ensemble de tes appareils électroniques.
  2. Ne fais pas chauffer tes appareils. Les batteries n’aiment pas lorsqu’il fait trop chaud (pas beaucoup plus que les autres composants de ton ordinateur). Pour cela, assure-toi notamment que les aérations de ton ordinateur sont dégagées et utilise des supports d’ordinateurs qui permettent de le surélever.
  3. Essaye de conservez le chargement de tes batteries entre 20 et 80%. Les batteries n’aiment pas trop les niveaux extrêmes de chargement. Cela signifie par exemple qu’il vaut mieux charger plusieurs fois ton ordinateur dans la journée, que de le laisser branché toute la journée, ou de le laisser charger toute la nuit.
  4. Nettoyer régulièrement ton disque dur te permettra d’améliorer les performances de ton ordinateur sur le long terme et d’en augmenter la longévité. Pour ce faire, tu peux utiliser des logiciels tels que CCleaner, tu peux également limiter les logiciels qui se lancent au démarrage de ton ordinateur. La manip pour les déceler :
    • depuis ton Gestionnaire de tâche, dans l’onglet démarrage si tu es sur Windows
    • depuis Préférences systèmes, sous Utilisateurs et Groupe puis démarrage, si tu es sur mac

Réparer ses appareils électroniques

Pour cela, il est important de se questionner dès l’achat, et de privilégier les appareils avec un haut indice de réparabilité. Cette note comprise entre 0 et 10 donne une indication sur la facilité (ou non) avec laquelle tu pourras changer les pièces défectueuses, en prenant en compte leur accessibilité, la manière avec laquelle les pièces sont agencées ainsi que la documentation présente en ligne. L’indice de réparabilité émerge de la loi anti-gaspi, et devient l’indice de durabilité cette année. Tu pourras trouver l’indice de réparabilité directement sur ce site. A titre d’exemple, pour les téléphones, le fairphone 4 présente un indice de réparabilité de 9,3, l’iPhone 13 un indice de 6,7 et le Samsung S20+ de 5,8.

Pour faire réparer tes appareils électroniques, on te conseille de te rapprocher d’acteurs locaux qui seront les plus à même de te proposer des solutions pertinentes. A Paris, les ateliers du portable proposent des réparations rapides à des prix abordables (ils ont également une liste de partenaires à travers la France) pour les ordinateurs portables. Pour la réparation des smartphones et tablettes, les ateliers du bocage – coopérative qui favorise une logique d’insertion – proposent une offre à destination des entreprises et associations.

Limiter les émissions liées à l’usage d’internet

Au delà de ta politique d’achat, améliorer ton utilisation au quotidien des produits numériques et notamment de ta navigation sur Internet te permettra également de réduire (à la marge) la pollution induite par tes usages numériques.

Réduire la qualité des vidéos que l’on visionne

Le trafic internet se compose à 80% de contenu vidéo. Un moyen simple d’agir sur cela est donc simplement de réduire notre consommation de vidéos (streaming, contenu youtube, réseaux sociaux, etc.) Au delà de la réduction de notre consommation, diminuer la qualité vidéo permet de réduire la pollution engendrée par leur visionnage. Cela est d’autant plus valable lorsque tu regardes des vidéos sur des petits écrans (type smartphone) où la différence est d’autant moins visible entre une vidéo en full HD et une vidéo en 480p.

Limiter le nombre d’onglets ouverts et actifs

Un autre moyen simple de limiter sa pollution numérique est de limiter le nombre d’onglets actifs. Pour cela, la manière la plus simple est de fermer les onglets lorsque l’on ne les utilise plus. Si l’on souhaite cependant les laisser ouverts pour ne pas les perdre, il est possible de configurer son navigateur pour “désactiver” les onglets et empêcher leur mise à jour en continue.

  • Sur Google Chrome, tu peux installer l’extension de navigateur Auto Tab Discard pour gérer tes onglets.
  • Sur Mozilla Firefox, cela se gère depuis la fonctionnalité Tab Sleep.

Favoriser les liens de partage plutôt que l’envoi de pièces jointes

Lorsque tu envoies régulièrement les mêmes documents (par exemple des programmes de formation, des CGV, l’accessibilité à tes locaux, etc.), il est préférable de stocker ces documents sur une plateforme de partage et de partager ensuite les liens aux personnes, plutôt que d’envoyer les documents directement en pièce jointe.

Il est également préférable, d’un point de vue écologique, de ne pas avoir d’image dans ses signatures de mail, et de privilégier du texte. Enfin, lorsque l’on envoie un mail, il est bon de s’interroger sur la question des destinataires, car tout destinataire supplémentaire viendra démultiplier l’énergie nécessaire pour l’envoi et le stockage du mail.

Appréhender la complexité des enjeux du numérique

Il peut être compliqué de comprendre la pollution engendrée par le numérique, notamment à cause de son caractère immatériel. Par exemple, l’appellation “cloud” laisse à penser que les informations sont stockées quelque part dans les airs et de ce fait qu’elles sont complètements immatérielles alors que les données sont en fait stockées dans d’énormes data centers qui fonctionnent 24h/24h et qui ont besoin d’être refroidis en continu. Réduire son empreinte numérique c’est donc aussi comprendre comment le numérique fonctionne, pour être en mesure de mieux l’appréhender et d’en faire un usage raisonnable.

Réaliser des ateliers sur les questions numériques

Les fresques constituent un très bon outil pour comprendre les problèmes complexes, c’est-à-dire les problèmes qui impliquent de nombreuses parties prenantes, des enjeux de divers natures dont les éléments sont fortement interconnectés. C’est le cas des enjeux du numérique. Tu peux réaliser une Fresque du numérique avec l’ensemble de tes collaborateur·ices.

Tu peux  également réaliser une bataille de la Tech. Il s’agit d’un atelier de 2 heures, créé par Latitudes qui te permet de comprendre les enjeux de la Tech et de découvrir des actions concrètes à mettre en place à l’aide d’un jeu de cartes !

Questionner les idées reçues

Numérique vs papier

On entend souvent que le papier est moins écologiques que le numérique. Cela dépend en fait de tes usages et de ceux de la personne qui réceptionne. Par exemple, si tu envoies un document en pièce jointe, que la personne qui le reçoit doit le consulter régulièrement – sans parler de le télécharger régulièrement – alors le papier sera plus écologique. De plus, transformer un document papier en une vidéo (même courte et de basse qualité) accessible en ligne augmentera certainement l’impact environnemental de ton envoi. En réalité, il est important de questionner ses besoins et les usages de l’un et de l’autre pour comprendre l’impact écologique des deux solutions, mais la réponse à cette question n’est pas évidente.

4g vs wifi

Bien que les deux permettent un accès à un Internet, les réseaux 4G et wifi n’ont pas les mêmes conséquences environnementales. En effet, selon un rapport de l’Autorité de régulation des communications électroniques (ARCEP), l’internet par la fibre consommerait jusqu’à 10 fois moins que par la 4G, et l’ADSL quant à elle jusqu’à 3 fois moins. De plus, le fait de passer par la 4g plutôt que par le réseau wifi augmenterait vos émission de GES de 1,5 à 3 fois pour un usage similaire (d’après un atelier 2tonnes). Il est donc conseillé de privilégier la WIFI au réseau mobile lorsque cela est possible.

Télétravail vs présentiel

Le télétravail est souvent présenté comme une alternative écologique, notamment du point de vue des GES. Cependant, cela dépend fortement du nombre de kilomètres et du moyen de transport que tu empruntes pour te rendre sur ton lieu de travail. Une étude de la Purdue University estime qu’une heure de visioconférence (avec une caméra allumée) émet entre 150 et 1000g d’équivalent CO2. Il suffit de comparer ce chiffre aux émissions pour vottonre trajet depuis le calculateur de l’ADEME pour déterminer l’option la plus émettrice de GES. Cependant, toujours selon la même étude, le fait d’éteindre la retranscription de sa caméra réduirait de 96% les émissions de GES.

Si tu souhaites mieux comprendre tes émissions de GES liées à ton activité professionnelle, tu peux utiliser le calculateur développer par l’INR : https://myimpact.isit-europe.org/fr/.

Cet article fait partie du dossier « Se fixer des limites pour respecter celles de la planète ». Découvre les autres chapitres : 

  1. Faire son bilan carbone
  2. Faire une ACV
  3. Réduire son empreinte numérique

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