Ménopausées mais pas périmées

Ménopausées mais pas périmées

Quel est le sujet tabou de chez tabou qui concerne pourtant la moitié de l’humanité ? La ménopause ! On vous en parle.
17 October 2022
par Hélène Binet
4 minutes de lecture

Quel est le sujet tabou de chez tabou qui concerne pourtant la moitié de l’humanité ? Les fiches de paye, les intentions de vote, les amants ? La ménopause ! Cette période de turbulences dans laquelle se trouve une femme majeure sur deux en France a bien du mal à mobiliser l’opinion publique. Heureusement des entrepreneurs et entrepreneuses commencent à se pencher sur le sujet. 

Lorsque Sophie Dancourt fondatrice du blog féministe J’ai piscine avec Simone a demandé à sa mère des infos sur sa ménopause, sa réponse ne l’a pas vraiment éclairée. "Je ne m’en souviens pas, c’était il y a longtemps." En d’autres termes : circulez, il n’y a rien à voir ! Pudeur, tabou, envie de glisser sous le tapis une période difficile de son histoire ? Toujours est-il que Sophie qui n’a pas demandé son reste a traversé cette période dans une joyeuse ignorance. Elle n’a réalisé qu’après coup que ce qu’elle qualifiait à l’époque de dépression n’était en réalité qu’un gigantesque bouleversement hormonal.

Le tableau n’est pas tellement plus réjouissant du côté de Sophie Kune, créatrice du compte Instagram ménopause.stories. Mise en ménopause artificielle pour des raisons de santé, c’est sur Internet qu’elle a cherché la réponse à ses maux. "Tout ce que je trouvais était ultra flippant, le sujet n’était traité que d’un point de vue médical alors que j’étais face à des bouleversements physiologiques et psychologiques importants. J’étais balayé sur tous les plans, c’est à ce moment que les regards que l’on portait sur moi ont commencé à changer". Pour Stéphanie, Valérie, Françoise, Anne, Yael, Natacha et 98% des femmes, c’est le même constat. La ménopause est un sujet que l’on tait. 

Leçons hormonales

Mais la ménopause, c’est quoi en fait ? Pour vous éviter de chercher sur Internet ou de demander à votre grande tante qui ne vous répondra sans doute pas, Valentine Barucoa, fondatrice de Jeen (entreprise qui crée des parcours de soin au féminin), explique en préambule de la rencontre entrepreneuriale "Ménopausées mais pas périmées" ce que recoupe  ce mot créé en 1821 par le médecin français Charles de Gardanne. En gros, les petites filles naissent avec un nombre d’ovules donné. À  l’adolescence, ceux qui arrivent à maturité sont expulsés et peuvent être fécondés. Arrive un certain âge où ce stock est épuisé : les ovaires arrêtent de fonctionner et la production d’œstrogènes et de progestérone se tarit.

"En moyenne, l’âge de la ménopause, c’est-à-dire l’absence de règles pendant 12 mois se situe vers 51 ans mais il n’y a pas de règles, ça peut être avant ou après, précise l’ex sage-femme devenue cheffe d’entreprise. Mais surtout, il ne faut pas oublier la période de pré-ménopause qui commence 3 à 5 ans avant." Lorsque Valentine dresse la liste des possibles symptômes, on se dit qu’on sauterait bien la case 50 ans : sueurs, rougeurs, bouffées de chaleur, difficultés de régulation thermique, sécheresse vaginale, douleurs dans les rapports, incontinence urinaire, prise de poids, répartition de la masse graisseuse qui évolue (coucou les bidous), perte de cheveux, diminution de la masse musculaire, troubles de l’humeur, anxiété, nervosité… N’en jetez plus !

Parce qu’elles le valent bien

Si on résume : la ménopause touche toutes les femmes sans exception. Les symptômes varient et peuvent être sacrément carabinés, il n’y a pas de transmission entre les générations, les femmes ne savent ni où ni comment se renseigner et, cerise sur le gâteau, le monde profite de cette période pour les invisibiliser. Mais il y a aussi des bonnes nouvelles. "On commence à voir les premières innovations, témoigne Delphine Moulu, experte Femtech chez Station F. Dans les pays anglo-saxons, certaines entreprises éditent des chartes qui permettent de parler du sujet dans un cadre bienveillant et de soutenir les salariées ménopausées. Au Royaume-Uni, la santé de la femme fait partie de la santé publique, l’État prend le sujet à bras le corps, les inégalités d’accès aux soins entre les hommes et les femmes se réduisent."

Du côté des entrepreneurs, ça fleurit aussi. lamenopause.fr est une communauté qui permet de se regrouper, de s’informer, s’éduquer, d’avoir des réponses sûres et fiables. D’autres applications mobiles permettent de suivre ses symptômes et donnent les solutions pour les réduire, c’est le cas d’Omena par exemple. Il existe aussi des objets connectés pour lutter contre les bouffées de chaleur, comme le boîtier à poser sur la nuque d’Athana ou le bracelet Embr Labs. La télé consultation commence elle aussi à se développer pour pouvoir accéder à des conseils de spécialistes, comme Peppy Health en Angleterre ou Electra Health aux États-Unis. Enfin, il existe des traitements de la ménopause plus médicamenteux comme Ever Now outre Atlantique. "Il y a des choses qui existent, les startups se rendent compte qu’il y a un sujet et elles commencent à s’en emparer."

Caroline Ida, l'influenceuse qui rend visibles les femmes de plus de 50 ans - @fiftyyearsofwoman sur instagram

Sur le plan de la représentation, les initiatives menées par Sophie Kune, autrice également de l’ouvrage « Ménopausée et libre » et Sophie Dancourt qui a aussi lancé le podcast « Vieille, c’est à quelle heure » et écrit un livre sur le même sujet, libèrent enfin les femmes. "Mon objectif est de montrer que je suis en vie, de rendre le sujet drôle, littéraire, raconte la première Sophie. J’ai plus de 12 000 personnes qui me suivent." Sur son blog la seconde Sophie invite les femmes de plus de 50 ans à la Une et fait émerger de vrais bons gros sujets : "la productivité est un concept patriarcal qu’il est urgent de déconstruire." Par exemple.

Avant que la ménopause des femmes soit aussi sexy que celle des orques qui accèdent à ce moment-là au rang de meneuses de la société, la plupart des femmes s’accordent sur cette idée : "Il faut déconstruire l’angoisse du vieillissement,  la cinquantaine est un âge de grande liberté. C’est le moment où l’on reprend le contrôle sur sa vie." Ménopausées, libérées, délivrées…

De mieux en vieux

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