La frugalité, pourquoi tout le monde ne parlera bientôt plus que de ça

La frugalité, pourquoi tout le monde ne parlera bientôt plus que de ça

La frugalité, c’est “vivre mieux avec moins”. C’est joli, c’est un slogan tout trouvé… mais qui ne donne pas très envie. À moins que...
31 October 2023
par Vianney Louvet
5 minutes de lecture

La frugalité, c’est “Vivre mieux avec moins”. C’est joli, c’est un slogan tout trouvé… mais qui ne donne pas très envie. On dirait quelqu’un qui fait un régime alimentaire et qui fait semblant de se réjouir en buvant un bouillon de céleri. Ou le programme d’un parti politique où les gens sont tous habillés en gris avec des coiffures douteuses. Figurez-vous que la frugalité, c’est en fait tout le contraire : un prétexte génial pour que votre vie soit beaucoup moins chiante, une bombe de trucs sexy à faire péter, à plein de niveaux. Voici plein de raisons de nous croire, tout de suite.

Moins d’alarme verisure 

Qui dit frugalité dit moins de choses chez vous, moins d’appareils électroniques dernière génération, moins de paires de chaussures qui vous ont coûté 6 smic. Donc moins de stress. On vous pique votre téléphone trouvé d’occas’ sur Leboncoin ? Soit, vous en retrouverez un. On vous vole votre guitare ? Ok, Emmaüs en propose des mieux. Petit à petit, vous devenez moins matérialiste et votre appartement devient – presque – un openbar général.

Moins de temps sur les forum “l’écran de mon ordinateur s’est éteint”

La frugalité au niveau professionnel, c’est pas simple, mais quand c’est possible, ça devient très, très kiffant. Opter pour une prise de notes sur papier, renoncer à un CRM à la pointe des CRM de l’univers, préférer papoter en digérant 3 chouquettes plutôt que de pondre 3 excel indigestes, ça fait (peut-être) perdre du temps, c’est (peut-être) moins « pratique » … mais c’est tellement plus simple et plus réjouissant. Et un bout de papier ne vous enverra jamais de rapport d’erreur. Et quand on est en face de quelqu’un, le réseau wifi peut sauter, planter, personne ne s’en rendra compte.

Plus de vide

Faire, faire, faire, on connaît par cœur. Par tête surtout. Mais que devient le « faire-faire-faire » quand on opte pour une journée où la frugalité, la simplicité, la lenteur deviennent notre nouveau leitmotiv ? Le « faire-faire-faire » devient un « …-…-… », série d’instants où le rien se passe. Et quand rien ne se passe, tout peut arriver. Traverser Paris en Uber les yeux rivés sur insta, a priori c’est une ligne droite sans incident. Traverser Paris en marchant sans trop savoir où l’on va, il va forcément se passer quelque chose, un accident, un bon accident. Parce que le vide est toujours synonyme de création. Et ça c’est hautement excitant.

Moins de problèmes d’adulte

Investir dans 6 appartements, avoir 3 assurances auto différentes, comparer 7 mutuelles pour choisir la meilleure, … tout ça c’est COMPLIQUÉ bordel ! On peut passer tellement de temps sur ces histoires, sur ces méandres administratifs, sur ces labyrinthes de problèmes… Pour quoi faire ? Souvent pour gagner un peu plus d’argent. Mais faites le calcul entre le temps passé à gérer vos trucs de grands et le gain derrière. Pas sûr que ce soit foufou. 

Plus de baisers

La frugalité, ça peut aussi transfigurer notre vie sociale. Avoir 12k followers sur insta, c’est vachement bien vu, c’est même envié par un peu tout le monde. Mais ça fait beaucoup de messages auxquels répondre chaque jour, beaucoup de semi-liens à gérer à distance, et beaucoup d'écran, beaucoup de likes, beaucoup d’heures… qui pourraient aussi être converties en un petit tête-à-tête avec cette fille que vous aimez depuis 7 ans. En une soirée à ne rien faire avec ce con de Ludo (mais tellement chouette) ou avec votre grand-père qui croit toujours que vous passez le brevet des collèges l’année prochaine.

Plus d’espace pour danser

Virer trois quarts de vos vêtements permet de virer trois meubles sur quatre, permet de gagner les trois quarts de place dans votre chambre, permet de danser, bouger, vivre trois fois plus. La frugalité est presque systématiquement suivie d’activités concrètes, manuelles, physiques que l’on éteint lorsque qu’on s’arme de babioles électroniques et de lumière bleue. Bouger son corps c’est aussi une révolution de simplicité et d’inattendu qui réécrivent la définition de “vivre” dans notre dictionnaire intérieur. Passer l’après-midi à faire des cookies ratés, c’est beaucoup plus nourrissant que d’acheter un paquet de cookies parfaits en 3 minutes chez Franprix.

Moins de service après-vente

Le principe d’un truc neuf et cher, c’est qu’il ne le restera pas longtemps. En optant pour un article sophistiqué, vous vous lancez forcément dans une série d’appels terriblement angoissants, avec un conseiller qui ne comprend pas votre problème, refuse de vous rembourser, finit par vous proposer de vous renvoyer le même objet, qui a le même défaut que le premier, après 6 mois de lutte acharnée et de lundis soir noirs. Moins de neuf, moins de service après-vente, moins de répondeur musicalement insupportable, plus de temps, plus de calme, plus de joie.

Moins de décibels

Les appareils, le moderne, c’est bruyant, presque toujours. La frugalité au bord de vos oreilles, faut essayer. Le bruit d’une pédale qui grinçouille vaut mieux qu’un moteur de SUV qui tousse, l’énervement d’une mésange vaut mieux que vos insultes pour le conseiller de chez Darty, le bruit d’un mouton d’Ouessant qui broute vaut mieux que cette tondeuse autonome qui tombera en panne demain, ou aujourd’hui, le fond de l’air et sa brise réchauffent plus que cette voix monocorde glaciale saveur BFM…

Moins de « j’y peux rien »

Quand on décide de se lancer dans une vie matériellement obèse, il y a mécaniquement un paquet de choses qui ne dépendent plus de nous. Nos placements dépendent de la bourse, nos vacances du prix des billets d’avion, notre projet de super maison de notre banquier, nos horaires de notre patron-pas-hyper-compréhensif. Le monde et ses acteurs ont sur vous un pouvoir grandissant à mesure que votre vie se défrugalise. Et pourtant c’est tellement bon de se sentir maître de ses décisions, acteur et actrice de sa propre vie, et pas pantin.

Plus de cas contacts

Une personne qui court sur le quai de la gare, ça pousse systématiquement quelques autres à courir aussi, même si elles ne sont pas en retard. Et quelqu’un qui flâne en souriant sans trop de raison, c’est pareil. Il stoppe deux-trois autres âmes dans la frénésie de leur journée. Votre ami qui revient d’une marche de 2 mois dans le sud de l’Italie, qui parle lentement, qui pleure un peu de joie à chaque fois qu’il vous regarde, c’est un dangereux porteur du frugalovirus. Et si vous prenez le temps de l’écouter, vraiment, vous deviendrez cas contact. Et la pandémie deviendra inéluctable.

Moins de luxe, mais plus de luxe

Oui, la frugalité, c’est devenu un luxe. Beaucoup de gens ont aujourd’hui un enjeu de survie au quotidien qui ne leur permet pas une seule seconde de se poser la question : « ai-je vraiment besoin de ça ? », « quel choix pose-je ici ? », « que faire de mon temps libre ? ». Ne l’oublions donc pas : l’option de la frugalité est un tel luxe qu’elle en devient un devoir. Si massivement la frugalité infuse chez ceux et celles qui peuvent l’adopter, alors les lois et les politiques vont forcément être fortement questionnés, alors ceux et celles qui sont les plus écrasés par le système capitaliste tel qu’il existe aujourd’hui bénéficieront aussi de vos petits choix de chaque jour. Qui ne sont donc pas si petits.


Jeu concours - Gagne tes sapes. 80€ en bon d'acjat sur WeDressFair