Rêv’Elles, faire émerger les individualités au sein de la communauté

Rêv’Elles, faire émerger les individualités au sein de la communauté

Parce que l'égalité des chances passe d’abord par l’égalité des rêves, Athina Marmorat a créé Rêv’Elles en 2013.
15 February 2022
par makesense
4 minutes de lecture

Parce que l'égalité des chances passe d’abord par l’égalité des rêves, Athina Marmorat a créé Rêv’Elles en 2013. L’association propose des programmes d'aide à l'orientation innovants à destination des jeunes femmes de milieux modestes. Ici pas d’hommes ni de femmes providentielles, la communauté laisse place à la pluralité et à l'altérité. Anne-Cécile et Olympe de makesense nous racontent ce qu’elles ont observé. 

Pluralité et interactions

La communauté Rêv’Elles réunit des jeunes filles de 14 à 20 ans et des rôles modèles, des femmes cheffes d’entreprises, avocates, militantes associatives, ingénieures qui inspirent et accompagnent les lycéennes et étudiantes dans leur épanouissement personnel et professionnel". Parmi la vingtaine de salariées que compte l’association, 3 d’entre elles sont pleinement consacrées à la vie de la communauté : elles structurent les programmes, font de la modération en ligne ou animent certaines sessions collectives.

Si ce rôle d’animation et de structuration est indispensable au bon fonctionnement du collectif, il ne concentre pas tous les pouvoirs et ne porte pas d’ombre à la contribution joyeuse et audacieuse des bénévoles. Tout au long de leur parcours, les jeunes femmes sont encouragées et outillées pour apporter au groupe de l’aide concrète, des conseils, mais aussi leur personnalité unique. 

Rêv’Elles est une communauté qui inclut plutôt qu’elle n’intègre. Comme elles aiment le rappeler, chaque nouvelle arrivante peut y trouver sa propre place : les individualités et les idées variées composent alors un organisme dynamique et vivant, qui ne sera jamais aujourd’hui celui qu’il était hier. 

“Même s’il y a une impulsion du haut, on ne nous impose pas des choses “descendantes”, on est pro-actives sur l’avenir de la communauté (prise de décisions, choix des activités, ateliers de brainstorming).”

Plusieurs d’entre elles ont souligné l’entraide qui règne dans la communauté : qu’une personne vienne avec un rôle d’accompagnement reconnu (coach, professeur, Rôle Modèle, salariée encadrante), ou en tant qu’apprenante bénévole, les dynamiques de soutien et d’émulation sont réciproques. Chacune peut aider et se laisser aider, quelle que soit sa position dans la communauté. 

Conscience collective et mission

Quel point commun entre ces jeunes femmes de tous horizons, malgré leurs différences ? On envisage généralement une communauté comme un ensemble de personnes ayant un vécu ou des circonstances communes, qui s'organisent collectivement dans un but commun. Avoir une raison d'être explicite est d'ailleurs l’un des piliers du “Star model” développé par makesense, un outil méthodologique à travers lequel on peut analyser et développer une communauté.

Chez Rêv'Elles, celle-ci est claire : proposer des programmes collaboratifs dédiés à l'épanouissement personnel et à l'orientation professionnelle,des jeunes femmes de milieux modestes. Cette mission, Rêv’Elles la doit à sa fondatrice Athina Marmorat, consultante en innovation pédagogique. Lors de ses interventions auprès des jeunes au sein d’associations et écoles, elle réalise le manque d’estime de soi, l’auto-censure et l’absence de modèles identificatoires chez les jeunes filles des quartiers prioritaires. 

Les alumnae de la communauté ont souvent vécu et ressenti les mêmes injustices. Entre elles, elles parlent ouvertement des facteurs de déterminisme social, de racisme et d’égalité des chances, avec clairvoyance et maturité. On retrouve dans leurs réflexions, de manière plus ou moins verbalisée, les concepts féministes de sororité, de non-mixité et d’intersectionnalité.

Concernant les objectifs poursuivis par la communauté, se pose la récurrente question de la radicalité de la mission (pour traiter un problème “à la racine”) comme dans de nombreuses communautés militantes.  Est-ce qu’aider un nombre limité de jeunes femmes est suffisant, puisque des mécanismes systémiques perdurent ?  Est-ce qu’au contraire, construire des solutions concrètes avec quelques concernées permet de démarrer quelque part et d’initier un mouvement ? Quel est l’équilibre à trouver entre une ambition suffisamment forte pour qu’elle envisage d’aller au-delà du pansement, et des succès suffisamment atteignables pour ne pas se déconnecter de la joie du quotidien ?

Safe space, écoute et bienveillance

Dans une société où l’on doit être sur ses gardes et performantes, la communauté offre une soupape de sécurité. Parce qu'on sait qu’on va pouvoir être reconnue pour ce que l’on est sans se parer d’artifices ou pour ce à quoi l’on a contribué, exprimer ce que l’on pense vraiment sans se retrouver en porte-à-faux, les communautés peuvent fournir un sentiment de lâcher-prise, de complicité et de bien être. La cohésion peut aussi être renforcée par une culture et des codes partagés, qu’ils soient artistiques, comportementaux, vestimentaires… (et qui pourraient aussi donner un sentiment d’exclusion pour qui ne les maîtriserait pas).

 Chez Rêv'Elles, on ressent immédiatement cette culture partagée et ce “safe space” dans lequel la parole se déploie librement. D’abord, parce qu’il existe cette vision fédératrice et ce cap commun qui permet de surmonter avec bienveillance les tracas et petites erreurs du quotidien. Selon une coach, “ce qui nous consolide, c'est de revenir à la mission à chaque fois, la raison d'être est hyper claire.” La non-mixité est aussi importante, puisqu’en cercle exclusivement féminin, elles reprennent les droits sur l'espace de discussion qui leur est parfois refusé et qu'elles ont envie de créer. Et il suffit d’attendre quelques minutes pour voir s’illuminer les visages et entendre résonner les rires et conversations : dans la communauté des alumnae, on est vraiment sérieuses, mais sérieusement heureuses d’être ensemble. 

Rêv'Elles en chiffres

  • Bientôt 1000 jeunes femmes formées par les parcours Rêv'Elles 
  • 222 femmes Rôles Modèles qui, par leurs témoignages et leurs conseils, soutiennent les participantes aux programmes.
  • 40 promotions du parcours Rêv'Elles Ton Potentiel entre 2013 et octobre 2021.
  • ​​75 % des jeunes filles interrogées se sentent mieux outillées pour construire leurs projets d’avenir après le parcours
  • 95 % ont changé de regard sur le monde de l’entreprise
  • 82 % se déclarent sereines face à leur avenir (contre 50 % en début de parcours)
  • 59% d’entre elles ont découvert de nouveaux métiers.

Le point de vue d’Olympe

“La chaleur et la spontanéité de ce groupe de jeunes filles sont très communicatives. Ici on vient comme on est. Ce climat de confiance permet aux membres de “s’apprivoiser” rapidement, d’apprendre à coopérer et porter collectivement leur ambition. Car c’est ensemble, les unes avec les autres, qu’elles seront heureuses et fières de leurs réussites.”

Les initiatives similaires 

Lallab : association féministe et anti-raciste dont le but est de faire entendre les voix et défendre les droits des femmes musulmanes. 

Article 1 : Née de la fusion de deux associations majeures de lutte contre l’inégalité des chances -Frateli & Passeport Avenir- la nouvelle structure œuvre pour une société où l’orientation, la réussite dans les études et l’insertion professionnelle ne dépendent pas des origines sociales, économiques et culturelles et milite pour une société où la réussite passe par le lien social et l’engagement citoyen.

Mozaik RH est un cabinet de recrutement et conseil en diversité.

Metishima : l’association valorise les compétences et les aptitudes professionnelles des personnes issues des migrations en situation régulière afin de leur faciliter leur intégration socio-professionnelle.

Tirelires d’avenir accompagne les jeunes majeurs en rupture familiale vers l’insertion professionnelle. 

#JamaisSansElles est un mouvement de promotion de la mixité, fondé par des femmes et des hommes, des entrepreneurs et des personnalités du secteur du numérique (trois femmes et vingt hommes en sont à l’origine). #JamaisSansElles agit en faveur de la mixité dans tous les domaines de la société. 

Abajad : créée en 2018, l’association a pour objectif d’accompagner des populations adultes non-francophones vers l’emploi par l’apprentissage de la langue française. 

empowher est un réseau international d’organisations dédiées à l’autonomisation sociale et économique des femmes. Leur vision : celle d’un entrepreneuriat plus inclusif, source d’empowerment pour les femmes et catalyseur de transformation.

Pour aller plus loin

La série de bande dessinée Culottées de Pénélope Bagieu, sur des femmes qui ne font que ce qu'elles veulent.

Les bande dessinée de Catel et José-Louis Bocquet sur des femmes étonnantes qui ont marqué leur période (​​Joséphine Baker, Olympe de Gouges, Alice Guy…) 

Le podcast les Couilles sur la table de Victoire Tuaillon parle en profondeur d'un aspect des masculinités : L’entreprise, ce monde d’hommes, Des ordis, des souris et des hommes

Un article interview de la directrice et fondatrice de Rêv’Elles : #Ceuxquifont d’Athina Marmorat

 Mansplaining un podcast de Thomas Messias qui questionne la masculinité 

Quoi de meuf est un podcast générationnel et intersectionnel sur la pop culture de Clémentine Gallot 

Une sélection de podcasts féministes par Radio France 


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