Les 8 choses à savoir pour mettre fin au chalutage et préserver les fonds marins

Les 8 choses à savoir pour mettre fin au chalutage et préserver les fonds marins

La technique qui racle le fond des océans pour choper tout ce qui se passe continue de faire des dégâts considérables. Décryptage du chalutage.
16 June 2023
par Hélène Binet
4 minutes de lecture

Chalut la mer, ça va ? Euh, pas trop. Le chalutage en eau profonde, aka la technique qui consiste à faire racler des filets tout au fond des océans pour choper tout ce qui se passe continue de faire des dégâts considérables. Et tout le monde s’en fout ? Décryptage en 8 points cardinaux.

1. On rembobine, c’est quoi le chalutage en eau profonde ? 

Imagine un énorme filet lesté qui raclerait pendant des heures les fonds marins, un genre de tractopelle en résille, d’épilateur au fil XXL tracté par un bateau sur des centaines de mètres de profondeur. Bref, un truc super efficace qui rase et emporte tout sur son passage. Ça s’appelle le chalutage en eau profonde et ça craint.

2. Pourquoi ça craint ?

Tu n’as jamais essayé de traîner un gros sac de galets sur le sable ? Moi non plus mais tu vois l’idée. Le truc est lourd, peu maniable, c’est le contraire de l’outil de précision. Le filet c’est pareil. Il est pataud de chez pataud. Résultat, en raclant les fonds marins, il bousille les coraux, les éponges et plein d’organismes vivants. Il capture aussi dans ses mailles - sans forcément le faire exprès - des espèces menacées, des poissons trop jeunes pour être capturés. Et puis, il prélève beaucoup trop de poissons. Actuellement, en Europe, chalutiers et dragueurs (pas les mecs relous du métro mais les bateaux spécialistes de la capture de coquillages) qui constituent moins de 15% des navires de l’UE sont responsables de 60% de la biomasse marine européenne capturée.

3. Mais que fait la police ?

Depuis 2016 et grâce au combat des associations, Bloom en tête, le chalutage est interdit dans toutes les eaux européennes au-dessous de 800 mètres de profondeur. C’est bien mais ce n’est pas suffisant, on peut faire d’énormes dégâts à 700 ou 400 mètres. 

4. Quels sont les outils de protection ?

Sur le papier, il y a un dispositif qui est super bien : les aires marines protégées. Ce sont des espaces délimités en mer qui répondent à des objectifs de protection de la biodiversité marine et qui favorisent la gestion durable des activités maritimes. Actuellement, 33 % des eaux françaises sont couvertes par au moins une aire marine protégée (il y en a 565). Alléluia ! Le problème, c’est que le côté « gestion durable » semble soumis à interprétation. En 2021, en France métropolitaine, la pêche industrielle a consacré 47% de son temps à pêcher dans des aires marines dites « protégées".

Par ailleurs, sur les 33% d’aires marines protégées, une partie récemment classée se trouve du côté des terres australes qui sont depuis toujours totalement inaccessibles. Ça fait gonfler les chiffres mais le procédé reste discutable. En fait c’est comme si tu te vantais d’utiliser du déo sans CFC alors qu’ils sont interdits depuis les années 80. Bref, tout ce traficotage de chiffres, ça agace les associations. En février 2023, Bloom a porté plainte contre le Secrétaire d’État à la Mer Hervé Berville devant la Cour de Justice de la République pour mensonges éhontés.

5. Et sur les côtes, c’est mieux ?

Là aussi, des textes de loi existent. « En vue de protéger les ressources des eaux côtières et d’en assurer la gestion rationnelle, l’usage des filets remorqués est par principe interdit à moins de trois milles de la laisse de basse mer, » selon l’article D. 922-16 du code rural et de la pêche maritime. Le problème c’est que les préfets de région peuvent, à titre dérogatoire, autoriser par arrêté cette activité. On te fait pas un dessin hein ? Ça déroge sec ces derniers temps. 

6. Chalutage et climat font-ils bon ménage ?

L'océan absorbe un quart du dioxyde de carbone que nous produisons. Sympa ! Mais en perturbant les sédiments qui absorbent le carbone, en éradiquant les plantes et animaux marins qui consomment le carbone de l’atmosphère, le chalutage nous met encore un peu plus dans le rouge. En plus, le tractage des filets consomme beaucoup d’énergie (un peu comme quand tu roules avec une remorque et une planche à voile sur le toit) et, en prime, produit 4 fois plus d’émissions que les autres types de pêche.

7. On résume ?

Si on veut arrêter de niquer la mer, il faut arrêter de faire traîner des filets partout. Il faut que les aires de protection marine soient des vraies zones de protection où on laisse la faune et la flore marines tranquilles. Et puis, il faut préserver les zones côtières. C’est pas compliqué en fait.

8.  Et on signe où ?

Il y a tout juste 10 ans, la bédé-pétition de Pénélope Bagieu « Prends 5 minutes et signe copain » avait réussi à récolter plus de 900 000 signatures et conduit en 2016 à l’arrêt du chalutage au-delà de 800 mètres de profondeur. Aujourd’hui, une nouvelle pétition est lancée par Patagonia. Objectif : interdire le chalutage de fond dans les aires marines protégées et les zones côtières. Allez hop, pour signer c’est par ici : https://you.wemove.eu/campaigns/mettez-fin-au-chalutage-de-fond

À suivre... Vous découvrirez bientôt comment faire changer la donne au niveau individuel. Stay tuned.

Petit résumé express


Le chalutage en eau profonde, pratique de pêche destructrice, continue de ravager les fonds marins et de menacer les espèces. Des mesures ont été prises en Europe, mais leur efficacité reste limitée. Les aires marines protégées sont censées limiter les dégâts, mais leur application laisse à désirer. Cette activité nuit également au climat en perturbant les écosystèmes marins et en augmentant les émissions de carbone. Pour mettre fin à cette catastrophe écologique, des actions sont nécessaires, comme signer des pétitions pour interdire le chalutage dans les zones protégées et les eaux côtières.