Le plus petit cirque du monde, l’art de tisser des liens

Le plus petit cirque du monde, l’art de tisser des liens

Le Plus Petit Cirque du Monde est à la fois une école de cirque, une fabrique artistique, un laboratoire de lien social et une plateforme d’échanges.
01 February 2022
par makesense
2 minutes de lecture

Issu des mouvements d’éducation populaire, le Plus Petit Cirque du Monde (PPCM) à Bagneux (92) est à la fois une école de cirque, une fabrique artistique, un laboratoire de lien social et une plateforme d’échanges internationaux. Comment la pratique du cirque par essence interdisciplinaire permet-elle de créer du lien social et de s’ancrer dans un territoire ? Anne-Cécile et Rachel de makesense nous apportent leur éclairage. 

L’apprentissage de la collaboration

Au-delà d’une activité physique ou artistique, le cirque peut apporter aux individus des expériences qui leur permettent de grandir et de trouver une place dans la cité. Les cours sont l’occasion d’appréhender la gestion du risque, de travailler sur les valeurs d’entraide, de collaboration et de solidarité. On apprend à s’encourager et à se valoriser mutuellement quand une personne réussit une nouvelle figure. Au-delà de ce que la pratique du cirque permet de faire avec son corps, ce sont aussi des postures et des compétences que les habitants ont pu mobiliser avec le PPCM. Un exemple ? La construction du centre a été pensée de façon à impliquer les habitants. Des chantiers participatifs ont été organisés et ont permis à chacun de s’initier à l’utilisation de matériaux bruts (bois, tôle, bâche) et à des techniques de construction simples.

À la fin des représentations, les enfants montent souvent sur la scène pour refaire le spectacle à leur manière, preuve qu’ils se sentent autorisés à créer et improviser.

L’ancrage sur le territoire

S’investir durablement à Bagneux est une volonté forte du cirque qui a refusé d’être présent à Paris et entend rester longtemps sur la commune. Dans cette ville sans lycée d’éducation générale, loin des centres d’attention, le PPCM entend faire rêver les jeunes, leur montrer qu’il se passe quelque chose sur leur territoire, que leur ville a du talent, qu’ils peuvent envisager ici des carrières multiples et motivantes. Récemment le cirque a été sollicité par la commune pour préfigurer avec les habitants le futur lycée généraliste, la concertation pour leur implantation sur un ancien stade de foot il y a quelques années s’étant particulièrement bien passée. Ainsi, architectes, services de la ville, habitants et PPCM travaillent main dans la main pour soutenir la qualité éducative dans la commune et encourager les parcours scolaires de réussite.

Le temps de la transition

Au PPCM, on ne cherche pas à changer le monde en 5 ans. On connaît le temps qui est nécessaire pour tisser la confiance, les liens, pour comprendre les enjeux, tester, itérer et bien faire. En interne, le cirque fait également sa mue. Pour incarner sa vision, l’organisation a entamé une transition vers une gouvernance plus partagée pour donner la possibilité aux employés et aux artistes de prendre plus facilement des initiatives et aux bénévoles de mieux s’approprier le projet. Les tensions ont été réduites de moitié depuis l’implémentation de ces nouvelles pratiques.

Le PPCM en chiffres

  • Implanté depuis 30 ans dans le quartier prioritaire des Tertres-Cuverons à Bagneux
  • En 2019, le PPCM a accueilli 58 évènements publics durant l’année et 7649 spectateurs.
  • 700 heures d’activités en extérieur, 45h de cours proposés chaque semaine et 2000 scolaires touchés tous les ans
  • En 2015, au terme d’une année de chantier ouvert, Le Plus Petit Cirque du Monde est à présent installé dans des espaces de près de 2000 m2 qui peut accueillir 360 personnes
  • 20 résidences d’artistes par an

Le point de vue d’Anne-Cécile Crabières

“Les artistes du Plus Petit Cirque du Monde connaissent bien les ressorts du collectif : aller au devant des participants et répondre à leurs besoins comme à leurs envies. L’idée est de faire en sorte que ce ne soit pas les gens qui aillent au cirque mais bien que le cirque vienne à eux.”

Les initiatives similaires

La fondation Parada de Miloud Oukili qui œuvre auprès des enfants des rues en Roumanie depuis le début des années 90

Le Circo Para Todos de Felicity Simpson et Hector Fabio Cobo où les jeunes des Favelas de Cali (Colombie) peuvent s’insérer professionnellement dans l’univers du cirque.

Circus in Ethiopia qui utilise le cirque comme un outil d’éducation populaire pour faire de la prévention du VIH 

Arc en CIel à Beirut 

Le réseau CARAVAN Circus Network, cofondé par le PPCM

Le programme Cirque du Monde, créé par le Cirque du Soleil et l'ONG Jeunesse du Monde en 1995, organise des ateliers de cirque social dans 15 pays touchant 86 communautés, sur tous les continents.

L'association Térya Circus, issue du Circus Baobab et son Pôle des Arts Acrobatiques de Guinée, basé à Dixinn-Conakry, travaille dans les quartiers et des publics situés dans les zones urbaines socio-économiquement fragiles. Elle les resocialise à travers les valeurs fondamentales du cirque.

L'ONG Sud Africaine, Zip Zap Circus, fondée au Cap en 1992 par Laurence Estève et Brent van Rensburg. Leur objectif ? Inspirer les jeunes et aider à construire une nouvelle culture de coexistence pacifique en Afrique du Sud. Travaillant avec une communauté d'enfants de tous horizons, Zip Zap aide les enfants à «oser rêver» et à apprendre à faire de ces rêves une réalité.

L'ONG cambodgienne Phare Ponleu Selpak qui forme des jeunes aux arts du cirque, notamment, et qui a créé un chapiteau, sous la forme d'un social business, à Siem Reap dans le but d'offrir un débouché aux jeunes formés.

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