Comment mourir écolo ?

Comment mourir écolo ?

Pour passer l'arme à gauche en restant aligné avec ses valeurs, voici le petit guide vert du mort éco-responsable.
24 November 2023
par makesense
5 minutes de lecture

On va tous et toutes mourir. Les statistiques sont très claires là-dessus : 100% des gens qui ont vécu ont fini par passer l’arme à gauche. Maintenant qu’on le sait, on peut préparer notre D-Day et faire en sorte que notre dépouille ne devienne pas une machine à polluer les sols. Pour manger les pissenlits par la racine sans détruire la Terre, voici le petit guide vert du mort éco-responsable.

Dernièrement, nous entendons beaucoup parler d’humusation, un incroyable processus de transformation du corps en compost porté notamment par Humo Sapiens. C’est passionnant, mais pour le moment : c’est interdit en France. Alors concrètement, chez nous, quel est le champ d’action ?

 

Il n’existe que deux modes de sépulture autorisés : la crémation et l’inhumation, et autant vous dire qu’ils ont un sale impact sur la planète ! Selon l’enquête environnementale commandée par le Service Funéraire de la Ville de Paris en 2017, une inhumation émet 3,6 fois plus de CO2 qu’une crémation. À titre de comparaison : inhumer un corps, c’est autant de CO2 émis que sur 80% d’un aller-retour Paris-New York en avion (contre 23% pour la crémation). Quitte à partir pour votre « ultime voyage », essayez de faire en sorte que l’empreinte carbone de votre périple soit plus proche d’un Rambouillet - Rodez à vélo, que d’un Paris-New York en avion.

Une crémation éco-friendly 

La crémation est la plus verte des deux techniques légales, mais on peut encore réduire son impact environnemental ! De plus en plus d’entreprises se lancent dans la création d’enveloppes mortuaires responsables. Par exemple, The Marine Box (TMB) travaille sur un projet de revalorisation d’algues en urnes et cercueil, pendant que l’entreprise Althana commercialise des urnes 100% organiques. Biodégradables en terre, elles sont réalisées à partir de produits céréaliers issus de l’élaboration de la bière. L’occasion de redonner tout son sens à l’expression « mettre en bière ». 

Si vous êtes plus hommage à la nature qu’à la Sainte Mousse, vous pouvez également opter pour une urne biodégradable à planter, divisée en deux réceptacles : un pour les cendres, et un autre pour la graine qui donnera ensuite un arbre. Faisons de Pépé André le petit cyprès qu’il a toujours rêvé d’être.

Promenons nous dans les bois, pendant que la vie s’en va

En parlant de mort qui se transforme en petit if (« conifère » en deux lettres, dans vos prochains mots croisés), saviez vous qu’il existe des « forêts cinéraires » ? (Im)plantées en Allemagne depuis plus de vingt ans, il s’agit de forêts-cimetières, dans lesquelles les familles de défunts peuvent acheter un arbre et déposer ou enterrer à ses pieds les cendres de celui qui a eu rencard avec la faucheuse. 

En France, elles sont légales, mais doivent obligatoirement être sous la responsabilité des communes. En plus d’offrir un lieu calme au défunt, elles limitent l’artificialisation des sols. Elles assurent également la préservation de la forêt : si on n’hésite malheureusement pas à raser des hectares de bois pour dresser des centres commerciaux, personne ne saurait être assez cruel pour laisser raser le lieu ou repose des dizaines d’âmes. Les forêts cinéraires sont la version écolo militante des cimetières.

Et pour ceux qui ne veulent pas être incinérés ? 

Pas de crainte : de l’écologie mortuaire, il y en a pour tout le monde ! Cousins germains des forêts cinéraires, les cimetières naturels ont aussi le vent en poupe ! Les linceuls doivent y être en fibres naturelles, les cercueils en bois brut ou en « carton » (nous y reviendrons ). On ne trouve aucun caveau ou bâtiment funéraire, les convois s’y font à pied, les fausses fleurs sont proscrites, et les urnes ou cercueils sont tous enfouis directement dans la terre : tout est naturel. Il est même interdit d’avoir pratiqué quelconque thanatopraxie sur le corps. En même temps, quand on sait que cette dernière mise en beauté est faite à coup de méthanol, glycol, formol, éosine et autres liquides particulièrement nocifs pour les sols, on veut bien accepter d’arriver dans le royaume des morts avec notre « no make up face » !

Une alternative au corbillard

Si vous optez pour une inhumation, il va bien falloir trimballer votre dépouille vers la destination finale. Exit les corbillards imposants, bonjour les petits vélos reposants : Corbicyclette, le vélo-corbillard qui sillonnera Paris sans polluer, vous offrira une dernière embrouille sur votre piste cyclable préférée avant l’ultime repos. Un départ original, doux, et symbolique, avant de rider vers la douce lumière à pleine pédale. 

Écologie et traditionalisme, ça fonctionne ? 

Bousculer ses habitudes jusqu’au fond de sa tombe, ce n’est pas réalisable pour tout le monde. Pour ceux qui sont tout de même attachés à la tradition et qui souhaitent reposer dans le cimetière communal, aux côtés de tous les copains du club de belote partis trop tôt, voici comment améliorer votre empreinte. 

Optez pour les cercueils « en carton » dont nous avons parlé plus haut. Pas d’inquiétude, il n’est pas question d’emballer Papi Pierre comme un colis Vinted : il s’agit simplement de caisses plus responsables, biodégradables et conçues dans des matières agrémentées. Ils n’ont pas d’ornement ou de poignées en métal, et sont assemblés avec de la colle faite à partir d’amidon, sans solvant. Montés par pliage et collage, ils peuvent être assemblés par les proches, même si cette ambiance « Ikea funerarium » peut sembler un brin cocasse. Adaptés à l’inhumation, ils consommeront, en revanche, plus de gaz qu’un cercueil « classique » pour une incinération.

Côté caveau et cavurne, vous pouvez vous tourner vers des bâtiments étanches réalisés en plastiques recyclés, à l’image de ceux conçus par Plasticavo. Leur étanchéité empêchera notamment la pollution des nappes phréatiques. 

Si la dépouille de votre prochain est en attente de sa pierre tombale, Dignity propose des Écodomes temporaires, éco-conçues, pour vous permettre d’avoir un lieu décent où vous recueillir. Après leur utilisation, ils sont broyés pour en fabriquer des nouveaux.

Enfin, pour tous les amoureux de la seconde main, sachez qu’il existe un « Bon Coin » funéraire ! Mémorio est une plateforme d’e-commerce qui donne une seconde vie aux monuments funéraires en fin de concession en les remettant sur le marché. Il y en a pour tous les goûts, tous les budgets et toutes les religions !

En bref, il y a des solutions pour chacune et chacun, à des échelles différentes. Même le plus petit des pas vers l’écologie, y compris quand il est fait en sortant les pieds devant, compte. Faites un effort, ça ne va pas vous tuer. Et même si ça vous tue, vous êtes déjà mort, donc ça vaut le coup d’essayer. 


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