Transformer le ministère de l’intérieur, de l’intérieur (non vous ne l’avez pas lu 2 fois)

Transformer le ministère de l’intérieur, de l’intérieur (non vous ne l’avez pas lu 2 fois)

En plus d’être un terreau fertile d’innovation, les programmes d’intrapreneuriat sont aussi un vecteur d’engagement.
27 June 2022
par makesense
6 minutes de lecture

En plus d’être un terreau fertile d’innovation, les programmes d’intrapreneuriat sont aussi un vecteur d’engagement et de montée en compétences pour les personnes qui y participent. Aujourd’hui, ils ne sont plus le pré carré des entreprises, on intraprend aussi au niveau de l’État. Découverte au Ministère de l’Intérieur. 

L’expérimentation commence en 2020. Le Secrétaire Général du Ministère de l’Intérieur mobilise l’équipe de la Mission Développement Durable pour lancer un programme, ouvert à ses 290 000 agents présents partout en France. L’objectif ? Faire émerger et accompagner le déploiement d’initiatives à impact pour mobiliser largement autour de l’environnement, et rendre le Ministère acteur de la transition écologique. 

Pour les accompagner dans cette démarche, makesense se lance dans la conception d’un programme sur-mesure, qui mêle force du collectif et coaching individuel. Après un créathon destiné à approfondir les problématiques environnementales choisies par les 10 intrapreneurs, le programme s’est déroulé en deux parties : un format en ligne de 9 semaines pour que chacun·e développe son projet, suivi d’un accompagnement de 2 projets sur un temps long pour aider les lauréats à déployer leurs solutions. 

Après une première édition aux résultats enthousiasmants, nous venons de lancer la seconde, plus ambitieuse. L’occasion de vous partager nos 3 conseils clés pour créer et animer un programme d’intrapreneuriat engageant :

Pousser à la prise d'initiative : d’agent du ministère à entrepreneur en herbe

On ne passe pas chef de projet du jour au lendemain ! Particulièrement quand on est un agent du Ministère dont le métier est majoritairement axé terrain. Lorsqu’on mène un programme, il est donc important à la fois de prendre en compte le mode d’organisation interne (taille de la structure, mode de gouvernance, processus de mobilisation et de prise de décision…) mais aussi la maturité des intrapreneurs sur les compétences qu’ils auront à mobiliser.

Comment ?

  • A la création du programme, commencer par un état des lieux ! Il faut mettre à plat la structure du programme et le contenu, ainsi que les phases et critères de sélection pour créer un programme sur mesure. Il est également judicieux de le faire revoir par de potentiels participants, leurs retours seront précieux. Nous l’avons par exemple fait évoluer d’une édition à l’autre avec le Ministère de l’Intérieur grâce aux retours des intrapreneurs !
  • Pendant le programme, pousser à la prise d’initiative et adapter les formations pour accompagner au mieux les participants (dans les étapes du parcours, le vocabulaire, les exemples…) pour qu’ils deviennent peu à peu des chefs de projet ! Pendant le programme, nous avons par exemple identifié que la prise de parole en public était difficile pour certains, alors nous avons adapté les dernières sessions pour qu’ils puissent mettre à plat leur discours, et s’exercer au maximum !
  • Adopter la bonne posture. La montée en compétences est beaucoup plus forte lorsque l’on aiguille et que l’on pose les bonnes questions, plutôt qu’en donnant directement les réponses.

“C’est fou de voir l’évolution entre le début et la fin du programme, raconte Cyril, intrapreneur sur la thématique de la mobilité durable. La mesure d’impact a confirmé mon intuition : nous sommes devenus des meneurs sur la thématique. Aujourd’hui je parle avec des directions de mobilité, il y a des articles internes sur mon projet… Je connais aujourd’hui beaucoup mieux le sujet, et cela m’a ouvert plein de portes ! Je n’attend qu’une chose, continuer à avancer pour pouvoir en monter un autre que ce soit au sein du Ministère ou quand je prendrais ma retraite !”

Crédits photo : Ministère de l'Intérieur/E.DELELIS

Se servir de la force du collectif : passer d’un engagement isolé à une communauté active

L’aventure intrapreneuriale n’est pas simple ! Tout entrepreneur ou intrapreneur le sait : le projet va passer par des hauts, des bas… de réelles montagnes russes. Particulièrement sur des projets à impact social ou environnemental, les porteurs de projets sont souvent des personnes dont l’engagement personnel est fort, et qui ressentent le besoin d’agir au travail. Souvent, leur projet sort du cadre et ils peuvent se sentir isolés, du fait qu’ils n’ont plus le même quotidien et les mêmes préoccupations que leurs collègues.

Comment ?

  • Pendant le programme, l’objectif est de créer un maximum d’espace pour le co-développement (le fait de s’entraider dans la résolution de problématiques). Les intrapreneurs rencontrent des enjeux communs et les surmontent ensemble, ils sont les 1ers à pouvoir donner de bons conseils pour aider les autres projets ! À savoir : on retient toujours mieux les retours d’un pair ! Pour faciliter cet échange, makesense a par exemple organisé des ateliers pour que les intrapreneurs s’entraident dans le choix de leur prototype ou dans la préparation de leur pitch. Nous avons également pu créer un sentiment de communauté à travers un groupe whatsapp, des animations de groupe, etc.
  • Après le programme, l’enjeu est de continuer à animer la communauté des intrapreneurs ! Comme la mise en place des projets prend du temps, makesense et la mission développement durable regroupent les intrapreneurs  une fois par mois, pour maintenir leur motivation mais aussi lever les problèmes du quotidien. 

Cette communauté est aujourd’hui une réelle ressource pour l’équipe développement durable, car c’est un réseau d’ambassadeurs actifs dans les régions respectives des intrapreneurs ! C’est également une ressource pour le programme, car les anciens intrapreneurs pourront servir d’exemple, faire des retours d’expériences pour aider les futurs intrapreneurs à se développer et à gagner en compétences.

C’est dingue la communauté qu’on a créé, s’émeut Matthieu, intrapreneur sur la thématique de l’utilisation de l’eau. On s’entraide, on se donne des contacts, on se motive ! C’est super qu’on puisse continuer à se voir une fois par mois depuis la fin du programme, ça donne un coup de boost. On a hâte aussi de pouvoir aider les prochains intrapreneurs, leur partager notre expérience, être leur mentor.” 

Valoriser les apports du programme : une démarche centrée sur les collaborateurs 

L’intrapreneuriat est source d’une réelle transformation culturelle dans une organisation que ce soit dans les méthodes de travail, la montée en compétence ou le dé-silotage des entités… Si toutes les initiatives des intrapreneurs n’aboutissent pas, elles conduisent parfois à des évolutions de poste (par exemple une mobilité horizontale pour certains, une évolution de poste pour d’autres, …). Dans tous les cas, cette expérience transforme le quotidien et la vision de l’entreprise. 90% des participants du programme du Ministère de l’Intérieur, par exemple, affirment avoir une meilleure vision de leur organisation.

Pour que cela reste positif, il faut veiller à ce que la fin ne soit pas trop brutale, et aider les intrapreneurs à continuer à développer leur projet, faire valoir la problématique à laquelle ils s’attaquent, et les valoriser, eux qui se sont engagés corps et âme pendant plusieurs mois, etc.

Comment ?

  • La mesure d’impact d’un programme est clé ! C’est ce qui vous permettra de comprendre les apports du programme, et de pouvoir les partager.
  • La pédagogie commence dès le 1er jour. Il faut partager les apports d’un programme au-delà du projet en tant que tel. L’aventure est avant tout une expérience humaine incroyablement riche qui développe des compétences sur une problématique sociale ou environnementale, qui ouvre le réseau, permet d'acquérir de nouvelles compétences, … !
  • Il faut embarquer les managers ou responsables dans les projets, leur montrer l’apport également pour eux ! Il en est de même avec le service RH par exemple, il faut pouvoir valoriser les acquis. L’expérience de cette année nous a également permis de voir qu’il manquait une étape pour embarquer la hiérarchie.
  • Autres recommandations : écrire des articles pour l’interne ou l’externe sur les intrapreneurs et leurs projets, valoriser le parcours et les bénéfices, donner un certificat, les options sont infinies ! 

Noémie, cheffe de mission au développement durable, partage : “On se rend compte aujourd’hui que Symbi’Ose (le programme du ministère, NDLR) a beaucoup inspiré en interne et auprès d’autres Ministères, nous en sommes très contents ! C’est un bon moyen de mobiliser autour des thématiques du développement durable même s'il y a encore du chemin pour que chacun comprenne les apports, mais on y travaille !”

Pour conclure, un dernier conseil…

… Tester, tester, tester ! Ce n’est jamais facile de lancer un projet entrepreneurial et encore moins dans le cadre d’un programme d’intrapreneuriat, mais les résultats sont tout aussi riches que les apprentissages. 

Pour la prochaine promotion que nous avons le plaisir d’accompagner, nous souhaitons nous baser sur cette expérience pour aller plus loin ! Par exemple en impliquant davantage les autres parties prenantes en interne, en définissant des critères d’impact plus ambitieux, en créant 2 parcours selon le niveau de maturité pendant le créathon, en renforçant l’animation de la communauté (notamment à travers les formations du club), mais aussi en transférant les méthodes que nous utilisons aux équipes avec lesquelles nous travaillons !

Et vous, quels sont les apprentissages de vos programmes ? 


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