Tiny house : mini maison, maxi liberté

Tiny house : mini maison, maxi liberté

Elles sont petites, douillettes, mobiles, écolos : les tiny house offrent une nouvel art de vivre, entre minimalisme et sobriété. Home sweet home.
26 May 2023
par Hélène Binet
4 minutes de lecture

Ce sont de toutes petites maisons, souvent en bois, parfois mobiles. Les tiny houses, littéralement les maisons minuscules nées Outre-Atlantique inventent un nouvel art d’habiter. Découverte d’un mouvement aussi social qu’écologique et architectural.

Leur maison pourrait figurer dans un magazine de déco tellement elle est croquignolette. Posée au milieu d’une vaste prairie, elle célèbre le bois du sol au plafond, offre une vue imprenable sur les champs grâce à sa grande baie vitrée, possède un intérieur aussi fonctionnel que douillet. Et le tout dans 20 m2. Jeanne et Stéphane, tout juste mariés, en sont les heureux propriétaires dans la région Centre. Sur leur terrasse de 25 m2, ils racontent : « Il y a plusieurs raisons qui nous ont poussé à nous tourner vers une tiny. D’abord, on voulait revenir à la campagne mais dans notre coin il n’y a rien à louer. Construire ? C’était pour nous inaccessible, on n’avait pas envie d’avoir des crédits sur le dos toute notre vie. Et puis on cherchait une certaine autonomie. »

« On s’est débarrassé du superflu, on s’est rendu compte de l’inutile, la tiny, c’est un nouveau mode de vie. »

Les deux amoureux dessinent alors les plans de leur maison de rêve, se font prêter un bout de terrain par la famille et font appel à un ami charpentier professionnel pour orchestrer un chantier participatif qui a duré 4 mois. « On a posté notre annonce sur le site twiza.org et une poignée de volontaires était là en permanence pour nous aider. C’était une période formidable. » Aujourd’hui, leur maisonnette isolée en fibres de bois, équipée de toilettes sèches et d’un chauffe-eau thermodynamique n’arrête plus de les combler. « On s’est débarrassé du superflu, on s’est rendu compte de l’inutile, c’est un nouveau mode de vie », se félicite Jeanne.

Aujourd’hui, des micro maisons comme celle de Jeanne et Stéphane, l’Hexagone en compte des centaines. Certaines sont mobiles, construites sur des remorques, d’autres plus sédentaires. On doit à Yvan Saint-Jours, spécialiste de la maison écologique et de l’autoconstruction, l’impulsion du mouvement de ce côté de l’Atlantique. « C’est en mars 2013 que je me suis lancé, confie-il. Mais l’idée me trottait dans la tête depuis presque 5 ans. » En effet en 2008, Yvan, alors rédacteur en chef du magazine La Maison écologique, rencontre Jay Shafer, l’inventeur officiel du concept des tiny house aux Etats-Unis. « Ses magnifiques petites maisons sur roues m’ont littéralement bluffé. »

Tiny de Jacques Bucquet, www.atelierdesbranches.fr

Pendant plusieurs années, le journaliste compile les informations sur le sujet, adapte les dimensions américaines aux standards français, regarde du côté de la législation pour voir les limites et les failles et dessine et bâtit la première tiny de France, un trésor de miniature et d’ingéniosité comme celles des bateaux. Il envisage un temps de créer une société spécialisée dans la construction de ces micro maisons mais finit par laisser la main à ses acolytes Bruno Thiéry et Michaël Desolges qui, depuis, ont créé leur société La Tiny House.

Tiny Granville, http://www.latinyhouse.com

Petits nids de vie

Depuis plusieurs années (et notamment depuis le confinement), le mouvement trouve un véritable écho médiatique tandis les initiatives se multiplient pour rendre la pratique accessible. Des sociétés comme La Tiny House, Histoire de cabanes, Ty Rodou ou Baluchon renforcent le camp des constructeurs. Certaines développent en parallèle des cycles de conférences ou de formation. « On y aborde la législation, les différents types de matériaux à utiliser, la menuiserie », explique Vincent Bouhours, cofondateur de Baluchon. Des groupes Facebook et des forums font leur apparition sur le net pour faire tourner conseils et témoignages. Dans ces cavernes d’Ali Baba numériques, on se donne des plans de micro douche, des astuces de rangement, des infos sur la réglementation.

La tiny, une aventure souvent collective. Photo Alexis Attimont, http://alexisattimontphotography.com

Depuis quelques semaines, le site internet matinyhouse.com tente de faire converger toutes ces énergies, pour créer une communauté d’échanges, de rencontres autour de cette nouvelle façon d’habiter. « Quand j’avais 8 ans, je baladais ma caravane de poupée dans tout le jardin, explique Dominique Caumes, la créatrice du site. La tiny, c’est un rêve de gosse. » Aujourd’hui, la trentenaire a elle même une petite fille et a quitté ses fonctions de directrice marketing et communication chez Bretagne Télécom pour se consacrer à ce projet qui lui tient particulièrement à cœur.

« Les logements traditionnels émettent plus de 20 % des gaz à effet de serre responsables du changement climatique quand les tiny sont les championnes toutes catégories des économies d’énergie. »

« On me prend pour une folle, mais une folle heureuse. » Dans le même temps, la jeune femme s’est initiée à l’autoconstruction d’une mini maison sur roues avec une bande de copains. « Mon père m’a donné un terrain en bord de mer et j’ai ainsi trouvé une façon originale de mettre quelque chose dessus. » Dominique envisage ainsi de voyager avec sa maison sur le dos. « C’est un incroyable accès à la liberté », se réjouit-elle.

Chantier chez Lars Herbillon, http://www.tiny-housing-project.fr. Photo Alexis Attimont, http://alexisattimontphotography.com

La liberté, voilà un mot qui revient dans toutes les bouches des propriétaires de tiny. Leurs motivations ? S’affranchir du poids d’un investissement immobilier, faire fi des injonctions de la société de consommation, s’alléger, se libérer. Aller à contre-courant du reste de la population qui alloue une part toujours plus importante de son budget à son logement.

« La part des dépenses contraintes dans le revenu des ménages est passée de 12 % dans les années 60 à plus de 30 % aujourd'hui », publie l’Insee qui intègre dans cet ensemble les dépenses liées au logement, les assurances et services financiers, les dépenses de télécommunications et télévision ainsi que les frais de cantine. Dans le même temps, « la surface moyenne par personne a augmenté de près de 10 m2 depuis les années 80 et plus particulièrement dans l’habitat individuel où elle atteint 45,1 m2 contre 32,4 m2 dans le collectif ». Enfin, rappelons que les logements traditionnels émettent plus de 20 % des gaz à effet de serre responsables du changement climatique quand les tiny sont les championnes toutes catégories des économies d’énergie.

La Cahute, première tiny homologuée caravane de France, http://cahute.eu

La tiny en 3 questions

  • Combien coûte une tiny ? De 10 000 euros pour une tiny en autoconstruction avec des matériaux de récupération à 50 000 euros pour une grande tiny toute équipée.
  • Peut-on installer une tiny n’importe où ? Si la tiny est mobile, elle doit normalement ne pas dépasser 3 mois de stationnement au même endroit mais des dérogations s’obtiennent auprès des mairies. Pour les autres, si elles font moins de 40 m2, elles doivent faire l’objet d’une demande de travaux. Au-delà, un permis de construire est requis.
  • Comment bien se renseigner ? En lisant le « Nid qui voyage » d’Yvan Saint-Jours

En consultant le site http://www.matinyhouse.com, en allant visiter le Ty village à Saint-Brieuc, en découvrant la carte des tiny house en France, en rejoignant le collectif tiny house...

Article précédemment publié dans Oui ! Magazine


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