Thomas Wagner, le bon pote du climat

Thomas Wagner, le bon pote du climat

Mais qui se cache derrière Bon Pote ? Nous avons rencontré Thomas Wagner, la plume et le plomb de ce super média sur le climat.
08 September 2021
par Hélène Binet
5 minutes de lecture

Hier branleur parisien, capable d’animer une conférence sur le trading haute fréquence mais incapable de faire la différence entre deux arbres, Thomas Wagner a pris il y a 5 ans le virage de l’écologie. En bon pote, il a développé un média pour rendre accessibles les enjeux climatiques à la terre entière. Les climatosceptiques n’ont qu’à bien se tenir.

bonpote.com

Le bon pote c’est le type qui te dit quand tu as un morceau de salade entre les dents alors que ça fait une heure que tout le monde te laisse pérorer avec ce sourire ridicule. C’est aussi celui qui rapplique avec des bières quand tu viens de te faire larguer. Sur les questions climatiques, c’est la personne qui décrypte pour toi des rapports hyper compliqués et te résume ça dans une infographie incroyablement bien fichue. C’est celui qui te donne des ordres de grandeur et te permet de savoir enfin quelles sont les priorités carbone individuelles et collectives. C’est encore le gars qui fact-checke les propos des politiques et t’évite d’avaler tout cru la bouillie de BFM. Bref, c’est la personne à avoir absolument dans son carnet d’adresses en cette période de turbulences climatiques. Ce bon pote s’appelle Thomas Wagner et explose sur les réseaux avec plus de 100 000 fans cumulés (Instagram, Linkedin, Facebook), des articles lus par 2 millions de lecteurs sur son site et une courbe de popularité qui s’envole presque aussi vite que les températures.

Le virage

Jusqu’en janvier 2021, Thomas agissait à la Daft Punk, jamais à découvert. « Je n’avais pas envie qu’on critique mes articles à cause de ce que je suis, je préférais qu’on attaque le message plutôt que le messager mais après 3 ans, j’ai décidé de sortir de l’ombre. » Pour son coming out, le trentenaire choisit ce qu’il affectionne le plus, un article sur son média : « Pourquoi j’ai (enfin) quitté mon travail. » Dans un écrit beaucoup plus personnel que tous ceux qu’il publie depuis 2 ans, Thomas s’interroge sur la prochaine étape de son engagement. « Ces deux dernières années, l’immense majorité de mon temps libre a été consacrée à l’écriture d’articles sur Bon Pote (…) Pour la seule année 2020, j’ai publié 81 articles et plus de 100 articles sont en cours de rédaction. J’ai également grandement réduit mon empreinte carbone depuis deux ans. (…) Que pourrais-je faire de plus ? Y consacrer 100% de mon temps en quittant mon travail. C’est peut-être le choix le plus idiot d’un point de vue carriériste, mais je crois (et j’espère) que personne ne m’en voudra d’avoir consacré 100% de mon énergie à la sauvegarde de l’environnement. Je tiens à préciser que je ne suis ni le premier ni le dernier à être dans cette situation. Bien d’autres personnes ont fait ce choix avant moi et j’espère surtout inspirer d’autres personnes à faire ce qu’ils aiment et non pas ce qu’on leur a dit d’aimer. »

« Tout le monde devrait se bouger, sans
sacrifice on n’y arrivera pas. »

Janvier 2021 donc, Thomas 35 ans, quitte le secteur de la finance, pour se plonger corps et âme dans le pergélisol. « J’ai fait deux pauses dans ma vie, une il y a quelques années de 6 mois pour lire des livres au bord de l’eau et celle-ci pour me consacrer à Bon pote. » La décision sur un plan purement mathématiquement semble salutaire, sachant qu’il faut en moyenne 30 heures à Thomas pour écrire un article et que, bien que se définissant comme degrowth hacker sur Linkedin, il n’est pas du genre à lever le pied.  « Je bossais le soir, quand j’avais un dîner avec des amis, je rentrais plus tôt pour travailler. Pareil pour le week-end. La bascule s’est faite parce que je ne tenais plus physiquement et mentalement et parce que je sais aussi que je peux reprendre un boulot en finance verte ou ce genre de conneries si un jour j’en ai besoin. »

bonpote.com

L’envolée

Pour le moment, Thomas n’est pas prêt à faire marche arrière. Plus il creuse les sujets environnementaux et plus le sujet comme l’urgence d’agir le passionnent. Certains de ses articles sont devenus cultes. Coronavirus : la planète te dit merci ! publié le 8 février 2020, soit un mois avant le « Nous sommes en guerre » d’Emmanuel Macron enregistre plus de 300 000 lectures. Lorsqu’à l’été dernier, il publie les cartes des 12 discours de l’inaction climatique et édite en open source le jeu qui va avec (hyper utile pour les dîners de famille), les scientifiques du climat lui écrivent en privé pour le remercier.

Aujourd’hui, ses articles, ses posts, ses coups de gueule sont de plus en plus repris et diffusés : Cyril Dion, Juliette Nouel, Jean-Marc Jancovici… font régulièrement tourner. Thomas Wagner serait en passe de devenir le nouvel influenceur du climat ?  « On me propose des fringues gratuites, de la nourriture, pour l’instant je fais très attention à rester indépendant. J’ai des politiques qui me contactent, je revois certaines de leurs notes. On m’a proposé de faire des conférences payées mais je préfère aider en privé des personnes. » On lui demande alors s’il n’a pas le tournis ? « Il ne faut jamais oublier que Nabilla a presque 7 millions de followers sur Instagram, » répond-il, toujours aussi fan des ordres de grandeur. 

« Il faut changer d’imaginaire, faire que l’aller-retour à Dubai ne soit plus vu comme un truc cool mais comme quelque chose de complètement naze.»

Si Thomas a enlevé son casque de protection et se prend des commentaires haineux sur les réseaux sociaux, « j’ai tour à tour été comparé à Staline, un khmer vert, un dictateur nazillon en puissance, un réchauffiste opportuniste… On m’a également déjà accusé d’être payé par le lobby du nucléaire, d’être raciste, misogyne… J’ai même eu droit à une menace de mort ! », il reste discret sur sa vie personnelle. On sait qu’il est fan du PSG mais s’insurge haut et fort quand 6500 personnes périssent dans la construction de stades au Qatar, qu’il est parisien mais se sent bien quand la mer n’est pas loin, qu’il y a 10 ans, il passait ses vacances à Miami mais ne prend désormais plus jamais l’avion, qu’il ne sait pas pour qui il va voter en 2022 et attend les résultats de la primaire écologiste, que les dîners en famille peuvent parfois être longs, qu’il aimerait que France 2 traite enfin des sujets climatiques, qu’il aimerait vivre avec un SMIC grâce aux dons sur son site, que chaque message qu’il reçoit lui donne une énergie incroyable. « Me dire que je suis un mec derrière un clavier mais que je peux déclencher des changements de vie, ça me rend profondément heureux. » Un vrai pote !

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