Survivre au militantisme ? Explique-moi comment tu fais, merci.

Survivre au militantisme ? Explique-moi comment tu fais, merci.

Comment on fait pour militer sans exploser en vol alors qu’on ne prend même plus l’avion ? Des activistes nous livrent leurs secrets.
21 August 2022
par Vianney Louvet
3 minutes de lecture

Comment on fait pour militer sans exploser en vol alors qu’on ne prend même plus l’avion ? Des activistes de tout bord nous livrent leurs secrets pour apprendre à se préserver et recharger les batteries (garanties sans cadmium). 

Dans le monde militant, on a l’impression que plus tu en fais, plus t’as de chance d’être nommé aux Oscars du meilleur ou de la meilleure militante. “Laulau est dans 4 assos à la fois, tu savais ça ? Ouais d’accord, mais Caro a lancé deux pages sur insta pour sensibiliser aux actus politiques, elles totalisent déjà 20k followers en 2 semaines ! Pas mal mais tu sais à côté de Marco qui dort 4 heures par nuit pour organiser l’action coup de poing du 24, c’est pas grand chose…”

Oui il y a urgence.
Oui, il faut qu’on s’y mette, et qu’on s’y mette à fond. 

Mais comme dirait Marion Muller-Colard “l’urgence requiert une lenteur concentrée”. 

C’est ça la vraie révolution aujourd’hui.

Aller à contre-courant de la voix du Big Brother qui nous dit “accélère ou crève”, le regarder avec fermeté et douceur et dire : “non, aujourd’hui je m’arrête. Je ralentis. Je prends soin. De moi et des autres. Bien à toi”. 

Je suis allé faire un tour auprès de mes amigos et amigas, auprès des plus cramés et cramées. Ceux et celles qui s'enchaînent sur un pont, qui passent des soirées entières à créer, à concevoir leur lutte, à argumenter, à se battre. Et je leur ai demandé : tu fais quoi toi pour te ressourcer ? Pour péter l’engrenage infernal de la vie militante qui finit plus ou moins par nous burnouter ? En vrac et sans modifications, voici leurs réponses. Remarquez l’omniprésence de l’eau, des arts, du corps, de la nature. 

Charlie : “Moi c'est un plouf dans la rivière. Sinon danser et déconner. Enfin rien de très original, mais être dans le corps pour lâcher un peu le mental et l'angoisse de cette vie absurde.”

Leïla : “Mettre de la musique à fond et dance like no one is watching, des siestes, et en général dormir plus, des bons cours de yoga, faire des périodes où je coupe des réseaux (ça va de 2 jours à plusieurs semaines), relire certains écrits qui me reconnectent au temps long et qui me rappellent que prendre soin de moi, ça fait partie de la résistance, me ressourcer dans l'art (une belle expo ou un spectacle de danse ou une pièce de théâtre qui me transcende).”

Louis : “Moi je me marre. Je ris. Je rigole autant que possible avec des gens drôles, des BD, des spectacles, des films, des enfants. Tant que je ris, je survis.”

Ariane : “Moi je pars en voyage toute seule pour arrêter de care about la terre entière et pour care about moi.”

Floriane : “Le silence. Mais pas en mode écrasée sur mon canapé. Un silence actif, présent. Je suis assise sur mon lit, droite, je ferme les yeux ou pas et je laisse le silence me parler. Une sorte de méditation mais low-cost. C’est chaud à tenir sur le temps mais au bout de quelques semaines, je vois le bénéfice et je me rends compte que ça change mes journées et le retour en vie militante.”

Tinou : “Moi je danse - et je trouve que jardiner cela m'apaise pas mal.”

Clo : “Faut que je fasse un truc avec mes mains. Du dessin, de la sculpture, du désherbage, du découpage, un massage, du ménage, de la pluche, de la boxe, de l'écriture...n'importe quoi tant que je crée avec mon corps et mes mains.”

Tancrède : “Moi je lis Harry Potter.”

Lucie : “J’ai muté tous mes groupes whatsapp.”

Théo : “J’achète des BD, je fais du sport, je vois ma copine.”

Claire “Dans le top de ce qui me ressource le plus, on trouve : aller à la mer et me baigner ; faire des trucs créatifs genre collages ; lire des romans graphiques. Mais LE truc indispensable pour moi au repos réel est la spontanéité. C’est à dire que si je mets “collages” et “roman” dans mon emploi du temps comme un truc en plus sur ma to-do, ça ne me repose pas vraiment. Donc je me pose des journées vides et je ressens sur le moment ce dont j’ai besoin/envie, et c’est là d’où vient le repos pour moi, de ressentir qu’il y a de l’espace, pas d’engagement, pas de truc à prévoir.”

Vous avez l’été pour vous rendre attentifs et attentives à vos pauses ressourçantes à vous. Et je veux bien connaître vos secrets pour les ajouter à mon catalogue d’immunité. 


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