Le guide des paumé.es, livre boussole pour celles et ceux qui ont envie de tout plaquer

Le guide des paumé.es, livre boussole pour celles et ceux qui ont envie de tout plaquer

Trois ans après avoir créé la communauté paumé.es, makesense sort son guide des paumé.es pour celles et ceux qui ont envie de tout plaquer.
15 March 2021
par Hélène Binet
4 minutes de lecture

Au milieu des guides sur comment mieux réussir sa vie, devenir riche en 3 semaines ou rajeunir avec les plantes, un ovni bleu profond s’est invité dans les rayons. Édité chez Marabout, sorti le 17 mars 2021, le guide des paumé.es imaginé par deux spécimens du genre, Aurore Le Bihan et Lucie Chartouny de makesense, tente en 216 pages de nous aiguiller dans le bon sens. 

Un guide des paumé.es, pourquoi pas une encyclopédie des raté.es ou un manuel de la lose ? Pour les dubitatif.ves, un conseil : commencez par ranger votre Larousse et par bâillonner Tatie Jacqueline selon lesquel.les le nom paumé.e désigne sur fond de condescendance et de mépritude « une personne qui est ou se sent complètement perdue et qui est inadaptée à la réalité, à la société. » La page 5 du guide makesense remet direct les pendules à l’heure, plutôt d’été d’ailleurs. Les paumé.es sont « des personnes qui se posent plus de questions qu’elles n’ont de réponses. » Des êtres plutôt censés donc dans une société qui a largement de quoi nous interroger. « Il y a 40 ans tout le monde rêvait d'un CDI à vie, d'un pavillon et de sièges bébé dans sa voiture dernier cri, explique Aurore Le Bihan grande prêtresse de la paumitude. L'avenir était tout tracé et pour être heureux.se, la recette miracle était claire : il fallait posséder. Aujourd'hui avec les incertitudes économiques, le +8 degrés à venir, le covid-ta-mère, difficile d’avoir un idéal auquel se rattacher. Selon l’enquête Il est  temps, 55% des jeunes déclarent que leur avenir sera plutôt pire que celui de leurs parents et 60% déclarent que le monde sera moins bien dans 20 ans. »

© Editions Marabout, Atelier AAAAA | Illustration © Aurore Carric

Génération paumé.es

Avant la page 25 du guide, on apprend  donc que si on est largué.e, c’est non seulement bon signe mais qu’en plus il y a du monde dans la place - Orelsan, Ulysse, Britney Spears ou Alice (au pays des Merveilles) le sont aussi -  et qu’on va trouver dans les pages suivantes non pas des réponses (attends, ça serait trop facile), mais les bonnes questions pour avancer sur notre propre chemin, des ressources choisies avec soin, des témoignages de paumé.es et des conseils d’expert.es. 

« Avec Aurore Le Bihan et Simon Drouard, nous avons lancé la communauté paumé.es chez makesense en 2018 parce que nous étions nous-mêmes passé.es par cette phase d’errance et de quête de sens (nous n’en sommes d’ailleurs pas tout à fait sorti.es), explique Lucie Chartouny. Nous avions la conviction qu’en permettant à chacun.e de partager avec les autres sa paumitude, tous et toutes trouveraient individuellement et collectivement des éléments de réponses à leurs innombrables questions. »  En 3 ans, la communauté s’est envolée : plus de 16 000 membres se retrouvent dans le groupe Facebook, 150 bénévoles organisent des apéros partout en France, un podcast éponyme comptabilise plus de 150 000 écoutes. « On a compilé tellement de matière pendant ces événements qu’on s’est dit qu’il serait bien d’en faire un jour un guide, » explique Aurore. En cette veille de printemps, le voilà.

© Editions Marabout, Atelier AAAAA | Illustration © Aurore Carric

Voyage dans les paumitudes

Le guide n’aborde pas tous les sujets pour lesquels on peut se sentir paumé.e parce qu’il faudrait 100 fois plus de pages pour cela mais aussi parce l’ouvrage a été rédigé dans le cadre de l’association makesense qui s’intéresse aux grands enjeux environnementaux et sociaux de notre époque. « Si le couple et la sexualité sont, parmi tant d’autres, des grandes thématiques de la paumitude, ils ne font pas partie des sujets constitutifs de l’association, confient les autrices. Plutôt que de les survoler, nous avons donc fait le choix de ne pas les traiter dans ce livre.» Ainsi, et c’est déjà pas mal, Aurore et Lucie ont choisi d’inviter dans leur archipel de la paumitude les questions du job, du mode de vie, du rapport à soi et aux autres et de l’engagement. 

Ces quatre grands chapitres permettent de naviguer entre les différentes rubriques imaginées par les autrices : l’exploration de l’île grâce à un article qui défriche le sujet, le journal de bord, mélange de réflexions et d’inspirations. Même si elles « ne donnent pas de réponses packagées prêtes à être réchauffées au micro-ondes », Aurore et Lucie apportent avec leurs GPS (les géniales pistes à suivre) des ressources pour aller plus loin et se mettre en action parachevées par une série de questions pour construire sa propre boussole. Enfin, parce les paumé.es aiment bien s’élever, on monte sur les épaules d’expert.es en paumitude, Simon Weil, Alessandro Pignicchi, Albert Moukheiber ou Sandrine Roudaut, et on revient sur terre avec le partage d’expériences de nos pairs.

© Editions Marabout, Atelier AAAAA | Illustration © Aurore Carric

Le guide se picore comme les chips à la betteraves des apéros paumé.es. On commence par la fin ou par le milieu, on se balade d’île en archipel, on se pose des questions qu’on pensait avoir résolues, on prend des notes mais pas sur le guide parce qu’il est vraiment trop beau (big up à l’illustratrice Aurore Carric). On se reconnaît dans les témoignages de Vianney, Diane, Hugo ou Marie… On s’auto-analyse, on prend des bonnes résolutions, on apprend mille choses et peut-être même plus parce qu’on a pas compté. On se marre parce que Lucie et Aurore sont de joyeuses drilles. Et si, comme la 4e de couverture nous l’avait bien indiqué, on n’y trouve ni le sens de la vie ni la technique pour acheter un yacht avant 30 ans, on en ressort avec une irrésistible envie de se bouger. « Bonjour l’engagement auprès des plus défavorisé.es, les névroses soignées, les nouveaux liens tissés, le vivant respecté, concluent les autrices en page 206. Bonjour à un bonheur parfois inconfortable avec ses zones d’ombres, un joyeux bordel dont la nature sans cesse changeante déstabilise mais qui a le mérite d’être.» 


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