La Fourmilière : le bénévolat entre potes et sans complexe

La Fourmilière : le bénévolat entre potes et sans complexe

La Fourmilière propose des missions de bénévolat ponctuelles, par centaines, de façon simple et pas du tout contraignante.
25 January 2022
6 minutes de lecture

Pourquoi ne sommes-nous pas plus nombreux à nous engager dans des associations caritatives ? Par manque de temps (46%) et d’occasions (29%) si l’on en croit un récent sondage. La Fourmilière vient pallier ces problèmes en proposant des missions de bénévolat ponctuelles, par centaines, de façon simple et pas du tout contraignante. Idéal pour se mettre le pied à l'étrier. On a fait l’expérience !

Une communauté vraiment fourmidable.

Vous ne le savez pas encore, mais vous êtes une fourmi

“Pfff ! Pas encore cette métaphore pourrie ! Genre, la société moderne écrasant l’individu, comme dans une fourmilière, tout le monde bosse et personne s’amuse…”

Détrompez-vous, cher lecteur et chère lectrice.

D’abord, dans une fourmilière, ça bosse pas tant que ça ; presque la moitié des individus sont des branleurs qui profitent du travail des autres. Ensuite, si la fourmi nous intéresse, ce n’est pas pour son côté travailleur, mais pour son incroyable instinct de solidarité. Par exemple, en cas d’épidémie chez les fourmis noires des jardins, les malades sont mis en quarantaine et soignés par des infirmières. Chez la fourmi Matabele, il existe un service de secours pour les soldats blessés. Certaines fourmis tropicales peuvent fabriquer des passerelles avec leur propre corps ou même des radeaux pour traverser des rivières…

Et c’est en ce sens que nous sommes des fourmis, c'est-à-dire, des animaux sociaux, avides de coopérer, d’aider notre prochain… D’ailleurs, les études le prouvent : ceux qui font du bénévolat sont généralement plus heureux que les autres.

Alors, si les nuits d’hiver vous semblent trop longues, et votre quotidien trop vide ou trop nombriliste, pourquoi ne pas s’ouvrir au bénévolat ? Il y a de la marge : on compte en France au moins 1 300 000 associations actives ! Mais le bénévolat peut aussi faire peur… Ai-je les compétences ? La gueule de l’emploi ? Surtout : aurai-je assez de temps ? Pour le savoir, le plus simple est de commencer petit. Tout petit : comme une fourmi… Suivez-nous !

Entrer dans La Fourmilière

La Fourmilière est une communauté de bénévoles prête à donner un coup de patte à de nombreuses associations qui soutiennent des causes variées : lutte contre la précarité, mixité sociale, protection de la nature… Il suffit de rejoindre le groupe Facebook ou de se rendre sur leur site web, de cliquer sur la mission qui vous intéresse, et c’est tout. Le tour est joué ! 

Moi, par exemple, j’ai choisi de participer à la distribution d’un repas chaud, mardi soir, avec l’association La Chorba. Je ne suis pas membre. Je ne connais personne là-bas. D’ailleurs, je n’ai jamais servi de repas, ni fait de bénévolat. Qu’à cela ne tienne ! Avec La Fourmilière, on peut prêter main forte à une association sans être adhérent et sans rien connaître au sujet ; on peut venir juste une fois, sans promettre de revenir... L’important, c’est d’avoir l’envie d’aider. Attention, on y prend goût ! 

Je rencontre mes camarades le mardi suivant, dans un bâtiment prêté par la Mairie de Paris. Tout s’enchaîne très vite… J’enfile des gants, une charlotte, un même un gilet blanc estampillé  “La Chorba”. C’est bon, je fais partie du club. Au moins pour les heures qui suivent.

En ordre légèrement dispersé, nous mettons en place le réfectoire, nous disposons la vaisselle, puis nous préparons les 160 ramequins qui seront servis en entrée : céleri rémoulade, persil, pincée d’épices Roellinger (pas de la gnognotte). Le plat chaud, des pâtes aux légumes, est déjà prêt. C’est une autre association qui l’a cuisiné dans la journée. Il est dix-huit heures. Les portes vont s’ouvrir. Chacun doit prendre un poste. Je me trouve affecté à la distribution des entrées et des desserts. Heureusement, je ne suis pas seul. Je suis avec Marion, qui sera ma partenaire pour la soirée.

Yaourt, banane, et bavardage au comptoir…

“Un yaourt sucré et une banane pour le dessert !”

“Un yaourt, une banane !”

“Et un yaourt, et une banane… Bon appétit !”

“Et un yaourt…”

Je répète le même refrain pendant deux heures. Je vois également défiler les visages des bénéficiaires. Presque aucun SDF, comme je l’imaginais, mais des gens simples, des Parisiens et des Parisiennes qui ne peuvent simplement pas finir leurs mois. Il y a des étudiants. Des personnes en situation de handicap. On rencontre même un clerc de notaire, à la retraite - 800€ par mois, ça ne suffit pas.

“Et hop, un yaourt sucré, et une banane.”

“Bonsoir ! Un yaourt et… non ? Juste la banane alors.”

Je papote avec Marion. Nous faisons connaissance. Je découvre qu’elle n’est pas là par hasard. C’est l’une des cofondatrices de La Fourmilière. Elle me raconte l’origine du projet :

  • Au départ, en 2016, on était une bande de cinq potes. On aimait le bénévolat. On voulait se synchroniser, sur des missions ponctuelles, pour avoir une belle force de frappe, et puis surtout pour se voir, faire quelque chose d’utile tous ensemble… Alors on a créé un groupe Facebook. D’autres personnes nous ont rejoints. Il y a eu du bouche à oreille. Aujourd’hui nous sommes presque 8000 ! En fait, plus de 15 000 si on compte le deuxième groupe Facebook, dédié aux cours de français pour les personnes issues de l’immigration.
  • Un yaourt et une banane ! Bon appétit… Et donc, avec une communauté aussi grande, vous arrivez encore à gérer ?

Je travaille sur ce projet à plein temps, mais je ne peux pas encore me payer. Je suis aidée par deux stagiaires, et un alternant. Le but, maintenant, c’est de se professionnaliser. Par exemple, on propose d’accompagner des entreprises. On peut faire des calendriers de bénévolat sur mesure pour leurs équipes. On a même organisé la “semaine de la solidarité” pour AirBnB !

Quand un groupe de fourmis se coordonne pour nettoyer les déchets trouvés dans un bois…

Le bénévolat risque-t-il d’être “uberisé” ?

La soirée touche à sa fin. La salle se vide. Il est temps de ranger, passer les chiffons, les sprays de javel… Ici, demain soir, tout recommencera. Les distributions alimentaires se font chaque jour de l’année, sans exception. Tandis que je retire mon gilet, je demande à Marion si La Fourmilière n’est pas perçue, parfois, comme du “bénévolat à la carte” servant à satisfaire le consommateur pressé… 

  • Bien sûr, il y a toujours des puristes. Pour eux, nous participons au désengagement de la société. Mais nous, ce qu’on veut, c’est aller chercher un public nouveau. On veut faire sauter les barrières, les freins à l’engagement ; retirer tout le pathos et la culpabilité… On aide les gens à franchir le pas. Ces gens qui voudraient tester le bénévolat, mais qui ne savent pas où aller, qui ne connaissent pas les assos…
  • Mais du coup, les gens qui testent, ils reviennent ?
  • La moitié reviennent la semaine suivante ! On a plein de belles histoires, de fourmis qui sont devenues des piliers au sein de leurs assos. D’ailleurs, tu connais Kabubu ? La fondatrice a découvert le monde associatif grâce à La Fourmilière ! Tu vois, ça crée des vocations…

Je m’apprête à partir et salue mes co-bénévoles. C’est bizarre. J’ai l’impression que nous sommes amis depuis longtemps... D’ailleurs, Marion me propose déjà de renouveler l'expérience :

  • La semaine prochaine, on organise un événement spécial pour l’association Mamama. Ils nous ont appelés, ils ont besoin d’aide pour trier une énorme quantité de vêtements. Alors on ramène une cinquantaine de fourmis ! Viens : tu vivras la véritable expérience de La Fourmilière !

La nuit est tombée. En sortant sur le parvis de l’Hôtel de Ville, je découvre qu’une autre association organise, en extérieur, une seconde distribution alimentaire. La file d’attente est longue. Décidément, les bénévoles ne seront jamais trop nombreux. Tant qu’il y aura des humains sur Terre, il y aura du fourmillement. 

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