“Il ne faut pas millésimer les générations de collaborateurs, chacun grandit différemment”

“Il ne faut pas millésimer les générations de collaborateurs, chacun grandit différemment”

Lorsque Vianney Vaute, co-fondateur de Back Market raconte l’histoire de son entreprise, on n'est pas loin du conte de fées.
13 November 2022
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Lorsque Vianney Vaute, co-fondateur de Back Market raconte l’histoire de son entreprise, on n'est pas loin du conte de fées. Et pourtant, tout n’est jamais si rose quand il s’agit  de l’humain…

Il y a 7 ans, Thibaud Hug de Larauze a une idée : créer une plateforme de vente de matériel IT remis à neuf. L’industrie existe, les consommateurs sont mûrs, deux acolytes, Quentin Le Brouster et Vianney Vaute, sont prêts à s’associer au projet. En novembre 2014, tout est bon, pour faire décoller la fusée Back Market. On a été vernis comme pas possible, explique Vianney. Ça n'a jamais été difficile, c’était une industrie qui était sur le point d’exploser. On était là au bon moment.” Sept ans plus tard, Back Market compte 600 salariés, 6 millions de consommateurs et est présent dans 16 pays.

Si l’aventure de Back Market ressemble à un long fleuve tranquille, avec du recul, ce qui a demandé le plus de tâtonnements, d’attentions et de réajustements, est sans doute le facteur humain, les recrutements, les évolutions de carrière, les départs. “Avec Thibaud et Quentin, on a formé dès le départ un trio équilibré de co-fondateurs, c’est une chance. Ce triumvirat c’est un peu comme le consulat à l’époque de Napoléon. Chacun apporte son éclairage mais le chef reste Thibaud. Et ça on l’a acté dès le départ.” 

Les premiers temps, comme dans toutes les start-ups, chacun touche à tout. “Je faisais les emails, je rédigeais les interfaces, aujourd’hui je suis davantage sur la stratégie de communication, la politique RSE, les affaires publiques et la culture interne. Mon rôle a changé et j’ai dû faire le deuil de cette époque où j’étais contributeur. Aujourd’hui, je ne suis pas bon sur tout, j’ai recruté des personnes meilleures que moi. Je suis davantage là pour donner de l’inspiration que pour faire moi-même.”

Ce changement de posture, les premiers salariés l’ont connue aussi. “Les vrais fondateurs de la boîte, ce sont les 40 têtes brûlées qui étaient là au début. Aujourd’hui, il y en a au moins la moitié qui sont partis parce que 7 ans, c’est long, parce qu’ils ont connu des moments forts, parce que certains sont arrivés à un plafond. Quand on est là depuis le début, il faut faire le deuil d’une époque, d’un certain âge d’or. Chez Back Market, on a laissé partir les personnes qui en avaient envie, parce qu’elles ne pouvaient pas aller plus loin ou n’avaient plus d’appétit. En revanche, on a essayé de ne pas anticiper le plafonnement des salariés, c’est très personnel. Il y en a qui continuent de croître après 7 ans, d’autres qui s’arrêtent bien avant. En fait, il ne faut pas avoir une gestion de millésimes ni de générations.”

Pour Vianney, formé à la communication et à la puissance des marques chez BTEC, il a fallu troquer ses compétences de planner stratégique pour celles de manager et de chef d’orchestre. “Tu n’as pas le choix, il arrive un moment où c’est le rôle que tu dois jouer. Comme c’était tout nouveau, je me suis fait coacher à titre personnel, je suis allé sur du design d’organisation. Ce n’est pas du tout le même goût qu’au début.” Les fondateurs sont-ils forcément un jour rassasiés ? “Quand tu es là depuis l’origine, tu as un attachement plus long terme à ton entreprise. Il y a une satisfaction et une curiosité. Tu te demandes régulièrement où est-ce que ça va s’arrêter ? Est-ce que ça va exister encore demain ? Quand ce mystère continue de t’intriguer il faut continuer. Back Market, c’est la meilleure série TV que je suis depuis 7 ans.”


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