Face au froid, les animaux sont bien meilleurs que nous (et anticapitalistes), on les imite ?

Face au froid, les animaux sont bien meilleurs que nous (et anticapitalistes), on les imite ?

La faune sauvage n’a ni coussin, ni feu de cheminée pour faire face à la rudesse de l’hiver. Elle a mille autres astuces. On l'imite ?
25 November 2022
par Vianney Louvet
4 minutes de lecture

Tous les animaux ne sont pas comme André, ton chat en surpoids qui se vautre tous les soirs sur le canapé, bien au chaud, en attendant oisivement ses croquettes saveur volaille. La faune sauvage n’a ni coussin, ni feu de cheminée, ni tricot sur mesure pour ses petons face à la rudesse de l’hiver. Et c’est bien connu : de la contrainte naît la créativité.

Partons à la découverte de quelques stratégies anti-froid. Une sacrée source d’inspiration pour nous, en plein questionnement sur la sobriété et la gestion de nos ressources énergétiques. 

Stratégie 1 : le pull-over intégré

Hopaal, c’est super. Mais sachez que nos amis les animaux ont inventé encore plus efficace et plus durable : le pullover connecté à sa propre peau, également appelé, la fourrure ou le plumage. Ultra-performant, d’un design impeccable et adapté à vos goûts, capable de s’allonger et s’épaissir automatiquement à l’arrivée de l’hiver et même de mettre en place un système double couche… Le rouge-gorge par exemple se transforme en véritable bouboule. C’est le produit phare, testé et approuvé par un paquet d’animaux pour se protéger du froid. Classique, certes, mais qui nous rappelle que les vieux pulls en laine de tante Annie ne sont surtout pas à jeter. 

Stratégie 2 : TGV aniMax 

Et bien oui. C’est le projet qui fait rêver la SNCF. La migration 100% zéro carbone, 100% bonne ambiance. Le grand voyage. Il y a ceux qu’on voit : ces envolées d’oiseaux, majestueux, groupés, cadencés, envolées garanties sans kérosène, sans hydrogène, sans Easyjet. Et ceux qu’on ne voit pas. Le lamantin par exemple. Attention, je vous vois venir avec vos jugements. Sachez que cet être n’a que très peu de graisse. Donc sans graisse ni pullover intégré, il se caille vite les moustaches ce type. Son voyage sera donc… une croisière vers les eaux chaudes dans lesquelles passer l’hiver. 

Bouger pour nous maintenir en vie. Un slogan qu’il faudrait rappeler à nous être humains, figés sur nos trottinettes électriques ou nos escalators comme des larves sans vie. Une petite rando d’une heure au milieu des arbres couleurs feu de l’automne. Un trajet en vélo de 30 minutes au lieu de le faire en 5 minutes de voiture. Et la chaleur revient. 

Stratégie 3 : la lenteur 

Face à cet hiver incertain, nos plateaux télé s’enflamment, les camps politiques se déchirent, les entreprises s’affrontent avec violence pour s’octroyer la plus grosse part du gâteau… Quand beaucoup de nos bêtes, elles, ralentissent, parfois au point d’hiberner. C’est le cas de la marmotte, de l’ours ou de la chauve-souris. Des phases de torpeur on ne peut plus anticapitalistes. Baisser la productivité. Calmer les hyperactifs. Favoriser la contemplation. Cet hiver, glissons-nous sous trois couvertures et hibernons. 

Stratégie 4 : l’âge de glace

Quand l’être humain se construit des jacuzzis, d’autres nous sidèrent par leur adaptabilité. Nos prix Nobel se sentiraient bien petits face à nos compères poissons ou grenouilles. Sous la glace, ces derniers disposent d'enzymes qui permettent à leurs fonctions physiologiques de se maintenir à des températures plus froides. Et si les températures descendent sérieusement, ils peuvent sortir une botte secrète : des sortes de protéines antigel qui se lient aux cristaux de glace dans le sang pour empêcher que celui-ci ne gèle entièrement. Génial, non ?

Stratégie 5 : le gras c’est la vie

Lisez attentivement cette partie. Elle suffit à justifier vos tartiflettes, raclettes, fondues et autres choucroutes. Si l’on vous reproche vos menus trop gras en plein hiver, parlez de ces mammifères et de ces oiseaux qui en cas de froid persistant développent une forme de graisse particulière appelée le tissu adipeux brun. L’avantage de cette petite couche est sa forte concentration en mitochondries. Et si tu te rappelles bien de tes cours de SVT, qui dit mitochondrie dit respiration ou création d’énergie donc de chaleur. Objectif : bourrelets garnis.

Stratégie 6 : les coudes serrés 

Le manchot empereur, c’est un peu le blond de Gad Elmaleh. En Antarctique, le type est parfaitement à l’aise, même à -40 °C. Un plumage extrêmement dense, une structure optimale qui fait coupe-vent, un corps d’athlète modelé pour minimiser la surface d'échange avec l'air froid, une magnifique couche de graisse (voire stratégie 5) et enfin le manchot est également capable de récupérer 80% de la chaleur qui s’échapperait par la respiration grâce à un complexe système d’échanges thermiques dans ses voies nasales. A côté, il y a le non-blond : l'opossum. Sa fourrure ne le recouvre pas entièrement et lorsque les températures descendent de manière inhabituelle, le pauvre type est victime d'engelures, et il n'est même pas rare qu'il perde un morceau de ses oreilles ou de sa queue…

De notre point de vue d’humain frileux ou d’opossum dégarni, il est facile de jalouser le manchot. Mais soyons fins et imitons plutôt sa stratégie préférée : la thermorégulation de groupe. Essaie avec tes collègues en pleine rue. Serre-toi avec plusieurs centaines d'individus pour se réchauffer mutuellement. "Sur un mètre carré, on trouve cinq ou six manchots compressés. Les appareils de mesure ont relevé au centre de la formation une température de + 34°C quand il faisait -35°C à l’extérieur”, nous dit Christophe Barbraud, chercheur CNRS et conseiller scientifique du film La Marche de l’empereur. Au lieu d’aller à cette énième conférence sur le vivre ensemble, re-regarde donc cette petite merveille de documentaire, lis cet article et devenons tous des manchots. 


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