Collectivités : co-construire un territoire plus durable avec ses parties prenantes ? Défi accepté !

Collectivités : co-construire un territoire plus durable avec ses parties prenantes ? Défi accepté !

S'il n'existe pas une formule magique, nous avons pu nous en rapprocher, notamment grâce à des retours d'expériences riches en conseils variés.
07 November 2022
par makesense
7 minutes de lecture

Jeudi dernier, nous nous sommes retrouvés à 40 en ligne au petit matin pour parler co-construction et mobilisation au service de territoires plus durables. S'il n'existe pas une formule magique unique, nous avons pu nous en rapprocher, notamment grâce à des retours d'expériences riches en conseils variés. Sur le devant de la scène, trois intervenant(e)s :

Mais Sandrine, Céline et Geoffrey ne furent pas les seuls à prendre la parole : 40 participant.e.s furent encouragé.e.s à s’exprimer nous partager leurs doutes, leurs défis, leurs bonnes pratiques et même leur ingrédient secret. Ce compte-rendu collaboratif est le fruit de ces regards croisés, et nous permet de présenter différentes méthodes en repartant des témoignages de ceux qui ont testé concrètement des approches de mobilisation et de collaboration autour de projets territoriaux ! 

Et c’est parti pour le contexte de ce webinaire ! 

Quand on veut se lancer dans une démarche de transition sur son territoire, on se heurte souvent à un manque de mobilisation et d’appropriation par les acteurs qui composent la collectivité. Souvent, ce sont les symptômes d’un manque de co-construction dans la phase de définition du projet ! Mais que faire lorsqu’on identifie ce problème ? Le passage à l’action vers plus de collaboration est loin d’être évident ! 

Geoffrey nous explique que le CISCA est justement né de la volonté d’ouvrir un espace entre le monde de la recherche, les EPCI, les collectivités, les petites associations et même les grands groupes (comme Michelin) . “Mon postulat de départ était qu’une bonne communication était suffisante. J’avais 5 études de cas sur lesquelles il y avait une constante : en fait les outils et les efforts ne suffisent pas si on ne se comprend pas. On a des pratiques, des émotions, ou encore des univers différents : ce qui domine les relations sociales, c’est l'incommunication. La pression disparaît à partir du moment où on admet qu’on part de rien et qu’on ne se comprend pas (encore) et que tout reste à construire” 

Ok, on ne sait pas communiquer ! Mais comment les collectivités peuvent-elles faciliter cette compréhension mutuelle ? 

Chez makesense, on a expérimenté plusieurs façons de faire : des forums contributifs, des ateliers de collaborations, des lancements de coalitions, l’aide à l’émergence et à l’accompagnement de solutions locales. Le Rameau, un laboratoire de recherche qui travaille sur les alliances territoriales propose justement plusieurs rôles pour des territoires qui s’engagent à développer les alliances : dialogue territorial, expérimentation collective, posture d’accompagnement et enfin le développement de lieux !

Céline se lance en nous parlant dialogue territorial à Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY pour les intimes). Cette communauté d’agglomération de 12 communes dans les Yvelines (78) se présente comme une terre d’innovation avec un grand rassemblement d’acteurs économiques que ce soit des grands groupes comme Renault ou IKEA ou de nombreuses PME, TPE et start-up !

Céline porte la voix du service de développement économique : “On voulait créer une autre relation que consommer des ressources ou des services et on a voulu faciliter ces nouvelles postures autour de l’axe RSE. Il a fallu aller à la rencontre des entreprises, avec leurs divers interlocuteurs (dirigeants PME, RH, responsable RSE etc.) . On a lancé un questionnaire et on a réalisé des entretiens. On a prédéfini avec eux des thématiques précises (insertion des jeunes, féminisation, achats responsables, sobriété), puis on a réalisé un atelier type “collaborathon” pour identifier des idées de collaboration sur ces problématiques spécifiques adaptées au territoire Cela a permis de développer des instances de discussion et on est maintenant identifié sur ces sujets car on a instauré la dynamique en amont. Grâce à cette démarche, plusieurs sont rassemblés au sein d’un comité RSE que l’on pilote, Les acteurs se connaissent mieux et nous faisons des premières actions ensemble comme du street recruiting le mois dernier !”

Pour Geoffrey, les innovations sociales se font par hybridation et par l’expérimentation collective. Le CISCA accompagne à la mise en place de nombreux projets qui font sens pour le territoire comme des projets de sécurité alimentaire en ville ou de monnaie locale. L’enjeu est de prototyper en lien avec les acteurs pertinents (collectivités, entrepreneurs, et chercheurs). L’objectif est de faire de la R&D, mais surtout d’aller au delà de la publication dont l’intérêt pour les acteurs locaux est nul, “la recherche devient ainsi une boussole et un mode d’emploi, notre ingénierie est communicationnelle au sens démocratique”

Pour éviter des instances qui passent uniquement par des réunions où le langage se trouve limitant, Geoffrey essaye de prendre en compte 5 points essentiels pour des expérimentations collectives réussies : 

  1. Les langages sont fermés sur nos univers sémantiques. Il faut des dispositifs de traduction entre les différents jargons, avec de la facilitation faite par  des acteurs hybrides.
  2. La question du temps : les acteurs ont des temporalités très différentes,
  3. Souvent trop institutionnels, les lieux inhibent certaines catégories d’acteurs et imposent une domination symbolique. Les tiers-lieux permettent de se croiser plus facilement. 
  4. Il faut faire ensemble, quand on met les mains dans le cambouis, ça crée des liens.
  5. Les tiers de confiance doivent être mobilisés car ce sont eux qui feront la courroie de transmission.

Et les entrepreneurs sociaux, où sont-ils ? 

C’est justement au tour de Sandrine de nous présenter l’exemple d’un dispositif d’accompagnement dans le Parc Naturel Régional (PNR) de la Vallée de Chevreuse. Ce parc composé de 6 EPCI et 55 communes a mis en place un parcours d’accompagnement collectif de 8 semaines, appelé le SPRINT pour répondre aux besoins observés par les collègues et les élus sur le territoire. 36 dossiers d’entrepreneurs prêts à s’engager dans la démarche ont été présentés : 10 ont été retenus sur le programme initial et 10 autres sur le sujet des tiers lieux avec un accompagnement spécifique. Sandrine nous donne l’exemple de Madwood, un ébéniste qui a créé son un atelier d'ébénisterie qui fabrique sur mesure meubles et aménagements en bois et propose aux particuliers de se former.

Le parc Naturel a aussi opté pour l’incarnation de dynamiques territoriales par un lieu en signant une convention pour devenir une maison de l’écomobilité. “Dans tous ces process, on avait besoin d’un acteur tiers comme makesense pour aller chercher d’autres personnes que celles qu’on connaît dans le secteur développement économique. On a eu des acteurs pas complètement novices mais il a fallu reformuler pour trouver les formulations qui parlent à tout le monde”

Après cette première tournée d’approches, les participant.e.s nous partagent leurs propres expériences !

🚲 Le Comité vélo à Antony (créé en mars 2021).

Les acteurs impliqués : les élus à la mobilité et au stationnement, les associations de cyclistes, des représentants du conseil des jeunes citoyens, des représentants du conseil des seniors, des représentants des familles, des représentants des transports en commun, des représentants des entreprises et enfin des commerçants. Un beau challenge de faire communiquer ensemble tout ce beau monde ensemble ! 

L’objectif : Permettre un échange continu sur tous les aspects importants pour la circulation à vélo dans notre ville : depuis la mise en place du schéma cyclable d’ensemble, jusqu’à l’animation et la communication, en passant par les problèmes propres à chaque rue ou aménagement.


♻️ Projet de réduction des déchets et d’économie circulaire à la Communauté de Commune Val de Morteau.

Les acteurs impliqués : 3 collectivités (le syndicat PREVAL HAUT DOUBS, la communauté de communes du Plateau du russey et la Communauté de Communes du val de Morteau), des acteurs de l'ESS, associations, entreprises, les citoyens. 

Les objectifs :

  • Mutualiser un équipement qui regroupe une recyclerie, une matériauthèque et une déchetterie pour créer une dynamique de réduction des déchets
  • Favoriser l'économie circulaire sur le territoire
  • Sensibiliser le public sur le thème de la réduction des déchets, la préservation de l’environnement, la transition écologique. 

Elodie Journot, directrice des Services techniques à la CC Val de Morteau partage : “Nos 3 territoires ont pris le parti de construire ce projet avec les citoyens pour définir les activités et le fonctionnement du lieu avec les usagers. Les collectivités ont déjà lancé la maîtrise d'œuvre. Le groupe projet est accompagné par France active Franche Comté. Pour favoriser la co-construction, le groupe projet a fait des visites inspirantes et organise des évènements :  bourse aux matériaux, un festival avec un village du réemploi, actions de sensibilisation auprès des jeunes… On essaie d’avoir une dynamique en attendant l’ouverture du site.”
Pour plus d’informations :  https://www.reemploi-morteau-russey.fr/

Et bien d’autres exemples ont été cités comme l’accompagnement des agriculteurs en agroécologie par les acteurs de gestion des routes dans le Gers ou encore la mise en place de Rahui (jachère du lagon) en Polynésie Française en lien avec les usagers, les associations de pêcheurs, les communes… !

Ça y est, on rêve d’implanter la même chose sur son territoire ? Allons-y pas par pas, en anticipant quelques freins et leviers pour y répondre !

Pour aller plus loin, Geoffrey nous partage les facteurs façonnant le rapport à l’action des acteurs sociaux à prendre en compte dans les processus de co-construction :

Des idées d’outils concrets !

Des exemples d’outils d’intelligences collectives :

Vous souhaitez en savoir plus sur makesense ou approfondir ce sujet ? Sylvia Garzon (sylvia.garzon@makesense.org) sera ravie de répondre à toutes vos questions !

On se quitte sur de belles histoires ?

Dans la Parc de la vallée de Chevreuse, la dynamique d’accompagnement d’entrepreneurs prend de l’ampleur avec le 1er festival des tiers lieux qui s’est déroulé en octobre dernier. De son côté le CISCA est fier du développement de projets de recherche-action dans des petites villes et qui permet ainsi de faire le lien entre milieu rural & urbain. Enfin, des effets de bord émergent à droite et à gauche suite aux actions de la collectivité à Saint-Quentin-en-Yvelines, avec notamment de nombreux échanges pair à pair qui naissent et les entreprises sont plus facilement mobilisables, par exemple lors du village des métiers organisés !

Merci à nos intervenants et aux participants à leurs partages ! A notre manière, nous aussi, nous avons fait ensemble de la co-construction pendant cette heure et demie passée ensemble. 


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