Classe verte pour les lauréats passerelles – Retour sur la Lex à Poitiers

Classe verte pour les lauréats passerelles – Retour sur la Lex à Poitiers

Quelle place pour le numérique dans l’école de demain ? Sortez vos cahiers et vos crayons, c’est l’heure de la restitution.
22 March 2023
5 minutes de lecture

Quelle place pour le numérique dans l’école de demain ? Comment imaginer et développer des solutions qui profitent réellement à tous les élèves ? Du 20 au 23 février, les lauréats passerelles sont partis à la découverte de l’écosystème éducatif de l’Académie de Poitiers. Sortez vos cahiers et vos crayons, c’est l’heure de la restitution.

Dans le jargon entrepreneurial, on appelle ça une learning expedition, voire une Lex, dans le monde de l’éducation on a plutôt tendance à parler de classe verte spéciale entrepreneurs. Qu’importe. En février 2023, les lauréats du programme passerelles de la Banque des Territoires opéré par makesense ont pu s’immerger dans le monde de l’éducation sous l’impulsion de Bénédicte Robert, Rectrice de l’Académie de Poitiers et marraine de la première promotion passerelles. Au programme : 4 jours de rencontre avec les acteurs engagés du territoire : Académie, Rectorat, Réseau Canopé, I²School, CNED, IH2EF, laboratoires, mais aussi différentes collectivités, Cités éducatives, TNE et une journée complète d’immersion dans  le Collège Jules Verne de Buxerolles (REP+). Résumé des 5 grands apprentissages. 

1 - Il est indispensable de co-construire sa solution avec les élèves, les parents et les enseignants

C’est le B.A-BA, et pourtant on rencontre encore trop souvent des projets conçus par envie de s’attaquer à une problématique, mais qui n’ont pas suffisamment pris le temps de travailler les besoins concrets de leurs cibles, et la manière dont leur solution pourrait y répondre de manière très “pratico-pratique”.

Le Réseau Canopé a pris le temps de nous expliquer la méthodologie qu’ils appliquent pour réaliser les tests utilisateurs, et nous a partagé ses conseils pour qu’ils soient de la plus grande qualité possible. Notre attention a été attirée sur la sélection des modifications à apporter aux projets : “Vous allez recevoir de nombreuses propositions d’améliorations : prenez le temps de mesurer le temps que le développement va vous demander par rapport au confort que cela va apporter à vos utilisateurs. Dites “non” aux développements chronophages pour faire gagner “1 clic” à vos utilisateurs”

En deux mots : rien ne sert de développer un projet si vous n’avez pas impliqué vos utilisateurs dès le démarrage, et si vous ne le faites pas tester régulièrement.

2 - Mesurer son impact de manière rigoureuse est indispensable

Lors d’une session de questions/réponses avec les lauréats, Bénédicte Robert a rappelé combien il est important qu’il y ait une mesure de l’impact réel des solutions, que cette mesure soit faite de manière rigoureuse, idéalement avec l’appui d’un cabinet spécialisé, ou d’un laboratoire, qui pourra certifier de la méthodologie.

La rectrice a également précisé que pour réaliser une mesure d’impact, quelle que soit la méthode appliquée (quantitative, qualitative ou monétaire), une véritable expertise était exigée, tant sur la construction des questionnaires que sur la manière de les administrer. Enfin, elle a rappelé qu’une étude d’impact n’était pas faite pour rester dans un tiroir. Au contraire, elle doit être la base de supports de communication clairs et attractifs pour saluer le chemin parcouru et identifier les pistes de travail ! 

En deux mots : pensez à vous faire accompagner par des cabinets spécialisés pour réaliser votre mesure d’impact et présenter des résultats qui sauront convaincre vos interlocuteurs. 

3 - L’Education Nationale souhaite faire de la place aux EdTech … mais cela demande un temps d’adaptation 

“Notre école a besoin de EdTech pour avancer dans sa capacité d’innovation. Il faut que ce que vous proposez soit adapté aux besoins de nos territoires, avec un point d’attention particulier pour les territoires hors de Paris,” insistait Bénédicte Robert.

En d’autres termes, la rectrice a rappelé la fracture technologique des territoires et la difficulté dans ce contexte de concevoir l’implantation d’une solution connectée quand le réseau Wifi saute régulièrement ou lorsque le parc informatique est obsolète. Et de rappeler que “si les Territoires Numériques Éducatifs, les Cités Éducatives, sont en train de se mettre en place, de trouver leurs modes de fonctionnement, ces temps de “démarrage” ne sont pas forcément propices à la collaboration avec des EdTech.” Patience et discernement seront donc clés avant d’imaginer déployer massivement ses solutions. 

En deux mots : dans vos démarches de prospection, prenez toujours le temps, en amont, de vous renseigner sur le niveau d’avancement de l’établissement / la collectivité à qui vous vous adressez, afin de ne pas proposer une solution qui soit “hors-sol” par rapport à la réalité.

4 - Il n’y a pas de Label qui vous ouvrira les portes 

Il n’existe aujourd’hui aucun label qui certifie la qualité d’une solution, la pertinence d’une EdTech. Tous les acteurs rencontrés nous l’ont répété : l’Éducation Nationale a un devoir de neutralité. Aussi, en plus de se faire référencer par la centrale d’achat UGAP et de se faire connaître du GAR, le seul label efficace reste le bouche-à-oreille, entre enseignants, parents, établissements. 

Dans ce contexte, au-delà de la mesure d’impact, il est important de soigner la communication de son projet en mobilisant ses utilisateurs, en leur expliquant les enjeux et en les invitant à prendre la parole pour soutenir notre solution.

En deux mots :  impliquez vos parties prenantes dans la communication de votre solution. On accorde toujours plus de crédit à une personne qui a vécu la solution qu’à un site internet qui vante des résultats incroyables ! 

5 - On a encore tant besoin de se connaître ! 

Pendant les 4 jours, certains intervenants ont exprimé une “défiance” vis-à-vis des lauréats assimilés à la start-up nation ou aux  licornes, à mille lieues des préoccupations des enseignants, des familles.

Cependant, au fur et à mesure des rencontres, du dialogue, les barrières sont tombées. Les acteurs du territoire ont pu découvrir la réalité des lauréats : des startups, certes, mais avec des solutions simples pensées avec et pour leurs utilisateurs et la volonté d’avoir un modèle économique rentable sans devenir milliardaires.

Les acteurs de l’éducation ont, au final, découvert que ces entrepreneurs partagent leur combat : permettre à tous les jeunes de prendre plaisir dans leur scolarité, aux jeunes porteurs de handicaps ne de pas être laissés de côté, aux élèves de vivre ensemble, plus sereinement, leurs différences. 

“Les lauréats ont été perçus comme des acteurs de l'éducation qui parlent pédagogie et inclusion, et pas comme des start-ups qui ne parlent que business modèles”, concluait  Vincent Michaud, Directeur Territorial Nouvelle Aquitaine du Réseau Canopé.

En deux mots : seules les rencontres entre les acteurs de l’éducation et les entrepreneurs permettent de faire tomber les a priori et d’envisager des partenariats constructifs, multipliez-les ! 


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