C’est quoi le problème avec l’énergie en fait ? Rembobinage express

C’est quoi le problème avec l’énergie en fait ? Rembobinage express

Voilà des semaines qu’on nous bassine avec la sobriété énergétique, qu’on annonce des coupures. C’est quoi le problème ? Récapitulatif.
25 November 2022
par Hélène Binet
4 minutes de lecture

Voilà des semaines qu’on nous bassine avec la sobriété énergétique, qu’on annonce des coupures, qu’on répète en boucle : “je baisse, j’éteins, je décale” mais au fait c’est quoi le problème ? Récapitulatif en deux temps, trois mouvements.

L’énergie, une arme politique ?

L’énergie n’aime pas la crise et ce n’est pas nouveau. Les plus ancien·nes d’entre nous se rappellent du choc pétrolier de 1973 lorsque les pays arabes décident de multiplier par 4 le prix du pétrole (pour cause de perte de guerre du Kippour) et celui de 1979 sous fond de révolution islamique en Iran. L'État avait alors demandé à tous les Français et les Françaises de faire des économies d'énergie et lancé une campagne « anti-gaspi », le terme gaspillage étant notre sobriété d’aujourd’hui. Parmi les mesures fortes du moment : la limitation de vitesse sur les routes, la diminution du trafic aérien, l’interdiction d'éclairer les vitrines et l’arrêt des programmes télé après 23h. Regardez ce document de l’INA, l’histoire serait-elle un éternel recommencement ?

Vous avez dit indépendance énergétique ?

Dans les années 80, la vie reprend son cours. On construit des centrales nucléaires pour gagner en indépendance mais ça ne suffit pas pour combler la demande énergétique. Aujourd’hui, 55% de l’énergie en France est produite sur le territoire, ce qui signifie que 45% ne l’est pas. La France importe donc 98,5 % de son pétrole (Afrique, pays de l’ex-URSS, Moyen-Orient, Mer du Nord), 98 % de son gaz naturel (Norvège, Pays-Bas, Algérie, Russie), tout son charbon (Australie, États-Unis, Afrique du Sud, Colombie) et tout son uranium (Australie, Canada, Gabon, Niger, Russie), rappelle l’Ademe

Covid et Ukraine, deux crises pour le prix d’une ! 

Dans un contexte de dépendance énergétique, on comprend bien que si ça tangue là-bas, il y a des répercussions par ici et que la main invisible du marché est bien là. Aussi, en 2021, “ lorsque l’économie mondiale s’est remise en branle après la pandémie de Covid, explique Vert le média, la demande d’énergie a alors rebondi à des niveaux bien supérieurs aux capacités de production, entraînant une première envolée des prix. Celle-ci s’est encore accentuée en mars 2022 lorsque la Russie a envahi l’Ukraine. L’Europe a alors dû réorganiser en urgence ses approvisionnements, alors que Moscou était jusqu’alors son fournisseur numéro 1 en gaz (45%) et en pétrole (27%).”

Résultat : “aujourd’hui, les prix sur les marchés du gaz et de l’électricité pour des livraisons en 2023 sont toujours à des prix près de dix fois supérieurs à ceux de 2020,”explique le gouvernement. Gloups !

Des centrales nucléaires en PLS

Comme un malheur arrive rarement seul (et que niveau anticipation, il y a encore des progrès à faire) le nucléaire français est en carafe depuis des mois alors qu’il représente 69% de la production de notre électricité. “La première fragilité tient tout d’abord au fait qu’un nombre record de 29 réacteurs (sur 56) est actuellement à l’arrêt, résume Vert le média. Aux interruptions déjà prévues pour contrôle, maintenance ou rechargement du combustible (un calendrier d’ailleurs compliqué par la pandémie), s’est ajouté un phénomène inattendu et encore largement inexpliqué : EDF a dû mettre sur pause douze réacteurs dont les tuyauteries sont atteintes par la corrosion. Alors que des contrôles sont encore en cours pour déterminer l’origine et l’ampleur de ces anomalies, Bernard Doroszczuk, président de l’ASN (l’Autorité de sûreté nucléaire) a prévenu que les travaux de réparation dureraient plusieurs années. De quoi grever significativement la production nucléaire.”

“L’autre fragilité, poursuit Vert le média, tient aux dysfonctionnements constatés depuis plusieurs années dans la gestion du combustible usé, qui conduisent notamment à une saturation prématurée des lieux d’entreposage. « Ces difficultés, si elles s’aggravaient, pourraient fragiliser le fonctionnement des centrales nucléaires dans la mesure où elles ne pourraient plus évacuer les combustibles usés de leurs installations », a prévenu Bernard Doroszczuk. Certaines de ces situations sont pourtant connues depuis longtemps. L’arrivée à saturation, au plus tard en 2030, de la piscine de refroidissement des combustibles usés de la Hague (Manche) est sue depuis 2010. Or, une deuxième piscine ne sera pas prête avant 2034, au plus tôt.”

Conséquence de tout ça ?  Pour Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE, le gestionnaire du réseau électrique,seuls 40 gigawatts devraient être disponibles début janvier, soit environ 65 % de la capacité nucléaire installée, en raison de l’impact des mouvements sociaux de septembre et octobre et de « retards et aléas techniques » dans la maintenance courante,” peut-on lire dans le journal le Monde 

Un été trop chaud pour l’hydro

Le nucléaire fout le camp et nos centrales hydroélectriques alors (qui contribuent à hauteur de 12% de notre mix énergétique et constituent le second moyen de production d’électricité après le nucléaire) ? Comme les oliviers et les poireaux, elles ont souffert de la sécheresse cet été. Pas d’eau = des barrages à sec = pas de courant = pas d’énergie. Eau France, le service public d’information sur l’eau, rappelait dans son bulletin du mois d’août  que la pluviométrie avait été nettement déficitaire sur tout le pays, généralement de plus de 80 %, voire très souvent de plus de 90 % et que juillet 2022 avait été le mois de juillet le plus sec sur la période 1959-2022 à l’échelle nationale. 

Selon Réseau de transport d’électricité (RTE), la production hydroélectrique était en baisse de 35 % en juillet 2022 par rapport à juillet 2021. Et c’était encore pire en août, où elle était 40 % inférieure à celle de la même période de l’année précédente. Bref, faut qu’il pleuve !

On résume ? La production d’électricité est à la peine chez nous, les importations sont compromises par le conflit ukrainien, il ne pleut pas assez, les prix s’envolent et sky ne semble pas être the limite. Bref, c’est la zone énergétique et en même temps peut-être le début de la vraie, longue et durable sobriété choisie. Chiche ?


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