Business angels et investisseurs : compléments élémentaires ?

Business angels et investisseurs : compléments élémentaires ?

Ils se retrouvent autour des mêmes tables pour investir dans des entreprises innovantes qui imaginent un monde meilleur.
02 June 2023
par makesense
4 minutes de lecture

Ils se retrouvent autour des mêmes tables pour investir dans des entreprises innovantes qui imaginent un monde meilleur. Certains sont business angels, d’autres des fonds d’investissement. Frères ennemis ou alliés pour la vie ?  Anne Gerset, co-directrice du fonds d’investissement makesense Seed 1 répond.

makesense Seed 1 est un fonds de pré-amorçage, quels actionnaires se trouvent généralement autour de la table à cette étape du projet  ?

Notre fonds s’engage auprès des entrepreneurs lors de leur premier cycle de financement quand ils cherchent entre 300 000€ et 1M€. À ce stade, le fonds investit aux côtés de Business Angels (“B.A.”), de Family Office et d’autres fonds d‘investissements qu‘ils soient à impact, régionaux ou plus traditionnels. Si chaque investisseur a ses propres critères, les B.A. investissent plus souvent au coup de cœur.

Quelles sont les principales différences entre fonds et B.A ?

Contrairement aux B.A. qui investissent leurs deniers et sont les seuls maîtres à bord, les fonds doivent rendre des comptes à leurs investisseurs, ceux qui leur ont confié l’argent à investir, qui ont des exigences de rentabilité. Ils ont d’un côté des comités d’investissement à convaincre et, de l’autre, accès à  plein de ressources utiles : avocat, étude de marché, équipe à disposition ce qui leur permet d’avoir une vue assez complète du projet… Le problème parfois c’est qu’à force de creuser l’analyse, les fonds finissent par ne voir que les risques ce qui complexifie et retarde parfois leur prise de décision. 

C’est pour cela que les deux approches sont très complémentaires. Les B.A. sont capables de dénicher des pépites et les fonds de vérifier que les projets sont bien ficelés. Quand les deux se parlent et avancent ensemble, les investissements sont à la fois audacieux et sécurisés.

Comment travaillez-vous ensemble fonds et business angels ?

Il n’y a pas de règle. Si on s’en tient à l’expérience de makesense et des 20 premiers investissements, on compte 370 co-investisseurs et 290 business angels, ça fait du monde !  Avec certains, makesense a lié des relations très étroites, avec des échanges réguliers. L’objectif étant de faire le plus de choses possible ensemble. Et puis avec d’autres c’est le calme plat. Cela dépend surtout de la posture des dirigeants co-fondateurs. Il y a ceux qui veulent que les investisseurs se connaissent et les autres qui sont dans une posture inverse. Chez makesense on préfère clairement la première position et on a le sentiment que c’est bien plus efficace. Mais évidemment, les cofondateurs sont seuls maîtres à bord et c’est à eux que revient le dernier mot sur ce sujet. 

Est-ce que les relations évoluent quand on passe du pré-amorçage à de la série A ?

Quand on est en pré-amorçage, que l’on soit B.A. ou fonds, le rôle est le même. On appartient tous à la même catégorie des “historiques” qui ont pris des risques. Si nos tickets sont moins élevés qu’en série A, notre investissement en temps est plus important car c’est à ce moment que l’entrepreneur se pose le plus de questions et a besoin d'accompagnement. 

Quand d’autres investisseurs entrent dans le projet au moment de la série A, les droits des historiques s’amenuisent à la fois en termes économiques mais aussi de gouvernance. Ce sont des pratiques de marché qu’on aimerait voir évoluer. En effet, les B.A. et fonds qui ont payé les actions moins chères en pré-amorçage, ont pris plus de risques. Avoir moins de droits par la suite pose question.

Est-ce qu’il est possible de faire différemment ?

makesense qui investit en série A dans le cadre du fonds Racine2 le prouve. makesense a accepté que les historiques soient traités de la même façon que les nouveaux investisseurs. Il faudrait évangéliser le marché pour que cela devienne davantage une de ces fameuses “market practice”. Évidemment, il est plus facile pour un entrepreneur de tenir cette position quand la traction sur la levée est forte et qu’il peut se permettre de faire un choix parmi les investisseurs.

Si cette direction est souhaitable, il faut néanmoins mettre en place certains garde-fous, notamment au moment de la valorisation de l’entreprise où les historiques se retrouvent juges et parties. Généralement, il est plus sain de rester à l’écart de ce moment de négociations pour éviter de sur-valoriser la boîte uniquement pour voir augmenter ses actions.  À terme, ça peut mettre l’entreprise en danger.

Il faut aussi faire de la pédagogie auprès des entrepreneurs afin qu'ils prennent soin de tous les investisseurs qu’ils soient Business Angels ou fonds d’investissement. Parfois certains  ne se rendent pas compte qu'un pool de B.A a la capacité de peser fortement sur certaines décisions pouvant aller jusqu'à entraver le développement de l'entreprise.

Comment faire évoluer le modèle pour plus d’équité ?

Aujourd'hui, makesense réfléchit à monter un 2e fonds de pré-amorçage. Même si les Business Angels sont de plus en plus nombreux à vouloir investir dans l’impact, très peu de fonds se positionnent en fonds propres sur ces premiers tours d’investissement. Dans le contexte économique incertain, beaucoup cherchent à réduire leur exposition et à structurer davantage leur prise de décision. Avoir un acteur comme makesense à leurs côtés leur permet d'accéder  à un dealflow de qualité, leur garantit une approche systématique de mesure et gestion de l’impact, leur offre un  accompagnement  sur la structuration des transactions et de l‘Equity story.

C’est pourquoi  nous souhaitons ​​ construire une communauté de femmes et d’hommes avec qui nous partageons une même vision de société sobre et solidaire et des valeurs de collaboration, de bienveillance, d’engagement et d’exigence. Nous souhaitons investir “en confiance”, de façon professionnelle et avec une vision alignée de l’impact et du partage de la valeur. Bref, animer une communauté de Business Angel  pour défendre les intérêts de tout le monde. Un genre de syndicat des B.A.  à impact en quelque sorte ! 

Le point de vue des Business Angels

Pascal Stefani, impliqué depuis plusieurs années dans l’impact au sein d’Ashoka et partenaire historique de makesense confirme  un positionnement très à l’écoute des entrepreneurs, dès les débuts, avec un rôle de mentor sans forcément s’inscrire dans la gouvernance officielle.

Vincent Gentil, aux côtés de qui makesense a investi à plusieurs reprises, souligne avoir une valeur ajoutée plus importante en dehors de board. Certaines réflexions notamment sur la culture d’entreprise sont plus faciles à discuter en tant que Business Angels. 

Arnaud Massonnie, investisseur dans makesense Seed I et partner chez 50Partners  voit également dans les Business Angel  un rôle de trait d’union entre les entrepreneurs et les fonds, cela peut lui arriver de jouer les facilitateurs pour mettre certains sujets délicats sur la table. “On a plus de crédit en tant que B.A. parce qu’on n’est pas dans un logique unique et première de capitalisation.”

Certains B.A  disent préférer s’effacer et laisser la place aux fonds à l’approche de la Serie A. Pascal Stefani indique que les B.A. mettent l’argent qu’ils ont gagné dans leur travail et sont davantage préoccupés par l’impact que par leur investissement. “On est peut être plus cash quand on est B.A. Les fonds, eux, ont des contraintes, ils gèrent l'argent des autres. C’est normal qu’ils aient un peu plus la main.”

D’autres Business Angels comme John Samson, Anais Beynel et Yves-Loïc Martin (AJYL) ont fait  le choix d’instruire les dossiers ensemble.C’est pour eux une façon de confronter leurs intuitions  et analyses, chacun apportant des expériences complémentaires.. Mais aussi de peser un peu plus dans un tour de table très dilué.

Enfin, les Business Angels  rappellent le rôle clé d’un fonds comme makesense pour assurer la coordination entre investisseurs historiques et défendre les intérêts de chacun tout en facilitant le tour de table suivant. Tanguy de La Villéguérin, co-investisseur à travers le Family Office Hippolyte Capital, et investisseur dans jobs_that_makesense, reconnaît qu’une coordination entre tous ces acteurs est souvent bien utile, en particulier quand la situation devient délicate Il vaut mieux apprendre à se connaître avant les moments de crise !

Pour en savoir plus sur cette communauté de Business Angels ou makesense Seed II, contactez anne.gerset@makesense.org


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